Vailhé, LETTRES, vol.1, p.5

3 mar 1827 [Paris], ALZON_VICOMTE
Informations générales
  • V1-005
  • 0+004|IV
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.5
Informations détaillées
  • 1 ADMINISTRATION PUBLIQUE
    1 DEVOIRS SCOLAIRES
    1 LIVRES
    1 PARLEMENT
    1 TEMPS LITURGIQUE
    1 VOYAGES
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 COSTERUS, FRANCOIS
    2 DELPUITS, JEAN-BAPTISTE
    2 GRANDMAISON, GEOFFROY DE
    2 GRESSET, JEAN-BAPTISTE
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 LARCY, ROGER DE
    2 MALARTIC, AMABLE-PIERRE DE
    2 MALARTIC, MADAME AMABLE-PIERRE DE
    2 NEIRAC, FRANCOIS DE
    2 NEIRAC, MADAME FRANCOIS DE
    2 NOAILLES, ALEXIS DE
    2 PASCAL, BLAISE
    2 RACINE, JEAN
    2 RODIER, CLEMENT
    2 RODIER, JEAN-ANTOINE
    2 RODIER, MADAME JEAN-ANTOINE
    2 SCOTT, WALTER
    2 THUILIER
    3 ALES
    3 CEILHES-ET-ROCOZELS
    3 LAVAGNAC
    3 MONTPELLIER
    3 PARIS, COLLEGE STANISLAS
    3 PRIVAS
    3 VERSAILLES
  • A SON PERE (1)
  • ALZON_VICOMTE
  • samedi, 3 mars 1827.
  • 3 mar 1827
  • [Paris],
  • Monsieur
    Monsieur le vicomte Henri d'Alzon,
    au château de Lavagnac,
    par Montagnac (Hérault).
La lettre

Mon cher papa,

J’ai enfin la permission de vous écrire. Il y a je ne sais combien de courriers que je demande à maman si je le puis, et toujours elle me répond qu’elle a quelque affaire à vous mander, ou bien qu’elle vous a écrit elle-même, le courrier précédent. Aujourd’hui, elle a bien voulu me céder le plaisir de m’entretenir avec vous, mais à condition que je me chargerais de vous dire que l’affaire de mon oncle de Neirac(2) est en bon train.

Elle a écrit à Roger de Larcy pour le prier de lui procurer les pièces que Clément Rodier(3) lui avait demandées dans une lettre. Elle a obtenu une attestation qui prouve que les pièces ont été remises aux bureaux. Pour le certificat qui doit prouver que la garde des archives n’a pas certaines pièces que je ne connais pas, mais que vous devez connaître, on l’aura la semaine prochaine, les bureaux étant à Versailles et devant se transporter sous peu à Paris. On aurait pu l’avoir tout de suite en écrivant au directeur, mais on a mieux aimé attendre qu’il soit arrivé. Voilà tout ce que j’ai entendu hier d’une conversation de Roger de Larcy avec maman. Je crois devoir ajouter, quoiqu’elle ne m’en ait pas chargé, qu’on a demandé une copie légalisée d’une procuration qu’a donnée, je crois, mon oncle de Neirac et qui est à Montpellier. Clément Rodier vous expliquera tout cela, car je n’ai pas sa lettre présente et c’est au collège [que je vous écris]; mais il sait ce que c’est que cette procuration.

Voilà ce dont je suis chargé. J’ai même un peu ajouté, parce que j’entendis tout ce que Roger dit à maman. A propos de Roger, vous saurez qu’il vient d’être nommé juge auditeur à Privas. Il voudrait être plus près de Paris; mais ce lui sera cependant bien commode, puisque Privas n’est qu’à une journée d’Alais.

Vous ai-je dit, il y a un mois, que j’avais été à la grande Congrégation? J’y allai encore dimanche dernier, avec une députation du collège. On nous y lut nos statuts. C’était M. Alexis de Noailles qui était lecteur(4). Le Mardi-Gras nous allâmes avec maman à la Chambre des députés où je l’entendis encore parler. Il y avait, par moments, un tapage d’enfer. Le président agitait sa sonnette de toutes ses forces. C’est un véritable charivari. J’entrai sans billet. Maman en avait un pour elle. Je fis sortir M. de Malartic(5) qui me plaça très bien.

Il y a près d’un mois que M. Thuilier n’a donné les places. J’espère cependant être assez bien placé: c’est en version grecque. L’hiver est-il fini à Lavagnac? Depuis deux ou trois jours, il fait à Paris plus chaud dans les rues que dans les maisons. Je lis actuellement beaucoup de Racine. Il y a plus d’un mois que je n’ai lu du cher Walter Scott. Si vous n’avez pas encore fini l’emballement de mes livres, joignez-y, je vous prie, Gresset. Je sens que je n’ai point de français dans ma tête et que je ne connais presque pas d’auteurs. Je vais acheter sur mon mois les Pensées de Pascal. On nous donne parfois des lieux communs qui se rapprochent de ces pensées, et M. Thuilier m’a assuré que c’est un très bon modèle.

M. Thuilier m’a fait hier ou avant-hier un long sermon sur les Jésuites. Je le laissai dire, me contentant de lui faire quelques objections qui quelquefois l’embrouillaient un peu. J’ai laissé tomber la discussion dans laquelle il semblait toujours très disposé à rentrer.

Adieu, mon cher papa. Le printemps est le temps des voyages. Vous déciderez-vous quelque jour à vous mettre en route? Je vous embrasse de tout mon coeur.

EMMANUEL.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. Ier, p. 57 sq.
4. D'après les registres qu'a publiés M. de Grandmaison dans son ouvrage *La Congrégation*, Paris, 1890, Emmanuel ne fut jamais agrégé à la Congrégation; mais celle-ci accueillait à ses réunions pieuses les élèves des classes supérieures du collège Stanislas qui y faisaient une sorte de noviciat. C'est le 2 février 1801, fête de la Purification, que le P. Delpuits, ancien Jésuite, avait fondé à Paris, avec six jeunes gens, la Congrégation de la Sainte Vierge, placée sous le patronage de Notre Dame Auxiliatrice. L'acte de consécration, approuvé par le Saint-Siège, avait été prononcé par chaque congréganiste suivant la formule publiée en 1576 par le P. Costerus. Il y avait réunion au moins tous les quinze jours, le dimanche matin. A certains jours on lisait, avant la Messe, une conférence écrite sur un sujet religieux par un des membres de la Congrégation. Des pratiques de charité, comme la visite aux hôpitaux, aux prisons, etc., étaient associées aux exercices de piété.2. Oncle par alliance, ayant épousé Agathe-Clémentine Daudé d'Alzon, soeur du père d'Emmanuel. Il habitait Ceilhes, commune du département de l'Hérault, sur les confins du département de l'Aveyron.
3. Cousin germain d'Emmanuel, ne en 1801 de Jean-Antoine Rodier, avocat à Montpellier, et de Louise-Joséphine Daudé d'Alzon, soeur du père d'Emmanuel. Clément Rodier, agrégé à Paris en 1818 à la Congrégation, était, ainsi que sa mère, en relations suivies avec l'abbé Félicité de la Mennais.
4. D'après les registres qu'a publiés M. de Grandmaison dans son ouvrage *La Congrégation*, Paris, 1890, Emmanuel ne fut jamais agrégé à la Congrégation; mais celle-ci accueillait à ses réunions pieuses les élèves des classes supérieures du collège Stanislas qui y faisaient une sorte de noviciat. C'est le 2 février 1801, fête de la Purification, que le P. Delpuits, ancien Jésuite, avait fondé à Paris, avec six jeunes gens, la Congrégation de la Sainte Vierge, placée sous le patronage de Notre Dame Auxiliatrice. L'acte de consécration, approuvé par le Saint-Siège, avait été prononcé par chaque congréganiste suivant la formule publiée en 1576 par le P. Costerus. Il y avait réunion au moins tous les quinze jours, le dimanche matin. A certains jours on lisait, avant la Messe, une conférence écrite sur un sujet religieux par un des membres de la Congrégation. Des pratiques de charité, comme la visite aux hôpitaux, aux prisons, etc., étaient associées aux exercices de piété.
5. De Malartic, député de la Seine-Inférieure, avait épousé Elisabeth de Faventine, tante paternelle de la vicomtesse d'Alzon.