- PM_XV_172
- 2902 a
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 172
- Orig. ms. Fonds Chaponay Archives Départementales du Rhône, 44 J 154. Photoc. ACR BZD 8/17. Transcription ACR BG 224/17.
- A MADAME LA COMTESSE DE CHAPONAY
- CHAPONAY Comtesse
- Nîmes, 31 octobre [18]66
- 1866-oct-31
- Nîmes
J’ai répondu à votre lettre immédiatement, ma chère fille. Je suis tout heureux d’en avoir la possibilité. Que faire quand on a de grands désirs d’aimer Dieu? Désirer encore plus l’aimer et s’abandonner sans partage à cette action toute puissante qui vous subjugue, vous écrase et vous soulève vers le monde supérieur. Quelquefois le cœur est obligé de s’ouvrir comme un vaste bassin qui livre passage à un torrent d’amour qui se précipite à flots pressés, tantôt c’est une flamme, une blessure, une grande douleur, mais une douleur qu’on veut, dont on ne voudrait pas perdre le moindre de-gré. Il me semble que le monde est tellement plein de gens à [assises?! prudentEs que N.-S. doit être bien aise de rencontrer aussi les saintes folies de l’amour. Après tout st Paul trouve que les folies pour Dieu sont plus sages que la sagesse des hommes (1).
Marchez donc en paix, en confiance, en désirs très ardents et sur-tout en très grand amour.
Quant aux pénitences, je ne sais que vous dire à cause de votre santé. Ce que font bien des personnes pieuses me semble peut-être pour vous un danger. Sondez-vous vous-même et écrivez-moi en toute simplici-té ce que vous pouvez faire. Je voudrais que vous fissiez quelque chose. Je ne veux rien d’imprudent. Voyez donc et dites-moi votre avis en toute droi-ture.
Mille fois vôtre, ma chère fille, dans l’amour de N.-S.
E. D'ALZON.