- PM_XV_153
- 2352 a
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 153
- Orig. ms. Fonds Chaponay Archives Départementales du Rhône, 44 J 154. Photoc. ACR BZD 8/5. Transcription ACR BG 224/5. Code informatique B06400.
- A MADAME LA COMTESSE DE CHAPONAY
- CHAPONAY Comtesse
- Lamalou, 8 octobre 1864
- 1864-oct-8
- Lamalou
II y avait en effet un siècle, ma chère fille, que je n’avais de vos nouvelles. J’en étais inquiet pour votre santé. Pour moi je suis aux bains que les médecins m’ordonnent pour des fatigues nerveuses. Je ne suis pas surpris de la transformation qui s’opère en vous; je l’attendais. Il me sem-blait impossible qu’elle ne vint pas. Entendons-nous bien: je crois que vous devez toujours donner un certain temps à la prière et que vous devez y consacrer une portion de votre vie: mais avec votre santé délicate je n’ose rien préciser; mais quand vous vous portez bien, il me paraîtrait que pour conserver les grâces de vos communions, vous devriez bien faire en une ou deux fois une heure d’oraison par jour. Quant aux lectures, en temps occupé je ne serais pas si sévère; mais sans lecture l’esprit se dessè-che bien.
Vous avez parfaitement raison de mettre un peu de fermeté et de persévérance à faire pratiquer les commandements de Dieu et de l’Eglise: à cet égard nous sommes réellement bien coupables. Vous rendre compte de votre influence n’est pas une moins bonne chose. Exercez-la avec d’au-tant plus de zèle que tant de personnes s’en servent en sens contraire. Elar-gissez toujours votre cœur pour les intérêts de l’Eglise et puisqu’enfin vous êtes ma fille, priez pour la conversion des âmes dont le Saint-Père m’a un peu chargé pour ces pauvres Bulgares si ignorants, si immoraux et qui ont tant besoin qu’on les conduise à la vérité, à la probité, à la plus simple mo-rale chrétienne.
J’engage quelques personnes à invoquer leurs saints anges à leur demander aide auprès de Dieu, à s’en entourer au moment de la commu-nion afin de faire de concert avec eux une sainte violence au ciel en faveur de ces pauvres schismatiques. Je me permets de ne pas vouloir que vous restiez si longtemps muette. Quand j’ai adopté une âme, il m’est impossi-ble de lui être indifférent. Je sens trop que je suis à toujours votre père pour accepter un silence trop prolongé. Vous voudrez bien m’écrire le mois suivant, me dire où en sont vos prières, votre action pour le bien sur votre famille, vos gens et votre zèle pour les bonnes œuvres. Adieu, ma bien chère fille, croyez à mon bien profond et paternel attachement.
E. D'ALZON.