- PM_XV_085
- 0864 a
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 85.
- Cité par H.-D. GALERAN dans *Croquis du P. d'Alzon*, p.254-256.
- ** Aucun descripteur **
- A MONSIEUR L'ABBE HENRI GALERAN
- GALERAN Abbé Henri
- Paris [fin juin ou début juillet 1857] (1)
- 30 Jun 1857
- Paris
Vous voilà prêtre, mon cher ami! Vous avez reçu un pouvoir redoutable sur le corps de Jésus-Christ. Que ce dépôt sacré soit désormais l’objet de vos plus respectueux, de vos plus tendres soins. Vous remplirez auprès de Notre-Seigneur l’office de Marie et de Joseph. Dieu vous accorde de pouvoir dire au moment de votre mort: j’ai fidèlement gardé le dépôt.
Que le tabernacle qui vous sera confié, ainsi que les objets servant au Sacrifice soient toujours bien tenus. Ne vous occupez de vous, de votre presbytère ou de votre appartement que lorsque vous aurez rendu votre église – quand vous en aurez une à desservir – aussi digne que possible du Très Saint Sacrement. Ah! mon enfant, que le Maître soit toujours le premier. Il est très attentif à ces attentions qui lui sont dues. Hélas! combien de prêtres les négligent d’une façon honteuse! La Sainte Vierge vous sera reconnaissante de continuer sa mission auprès de son Fils.
Après le corps sacré de Jésus-Christ – je devrais dire: en même temps – prenez soin du Verbe, c’est-à-dire de la prédication. Saint Augustin a dit: Non est minus Verbum Dei quam corpus Christi.
C’est de la juridiction sur le corps de Jésus-Christ que découle, pour le prêtre, la juridiction sur le Verbe de Dieu. Vous savez que ce sont les paroles de saint Alphonse. Vous soignerez donc vos prédications avec respect, avec foi, vous préoccupant uniquement de la gloire de Dieu et du bien des âmes, vous effaçant vous-même autant que possible.
Je veux vous citer encore le grand évêque d’Hippone, dont les enseignements ont toujours été ma règle. Ecoutez ce magnifique passage: Non minus reus erit qui Verbum Dei negligenter audierit, quam ille qui corpus Christi in terram cadere negligentia sua permiserit. Si cela est dit des auditeurs, quel ne doit pas être le soin de celui qui parle?
Bossuet a dit quelque part: « Il y a pareille obligation de traiter la sainte parole et les mystères sacrés. »
Vous voyez, cher enfant, que mes félicitations sur votre ordination prennent la forme de conseils. Je me réjouis sans doute, mais je vous aime trop bien pour ne pas vous dire ce qui me paraît utile à l’accomplissement de vos graves fonctions sacerdotales…
Avec une affection que vous connaissez, je vous embrasse et je vous demande un souvenir à l’autel. (2)
2. Et M. Galeran conclut: "A ces belles paroles, je n'ajouterai que ce mot: Qu'il soit béni à jamais le Dieu qui nous a donné un tel Père, un tel Maître!"
Nous possédons quelques lettres écrites par le P. d'Alzon à des religieux à l'occasion de leur ordination. On peut dire que ces lettres se résument toutes en ces mots: "soyez des saints!" Aucune ne développe comme celle-ci l'idée du double dépôt sacré qui est confié au prêtre.