DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 603

• DR12_603
• 6497
• DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 603
• Orig.ms. B.N., Naf 24333 f.186; Photoc. ACR, DT 101; Transcription de J.P. Périer-Muzet.

• 2 CABRIERES, ANATOLE DE
  2 CAVEROT, LOUIS
  2 DEVIE, ALEXANDRE-RAYMOND
  2 DUPANLOUP, FELIX
  2 FORCADE, THEODORE-AUGUSTE
  2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
  2 LECOURTIER, FRANCOIS
  2 MARCHAL, JEAN-JOSEPH
  2 THIBAULT, CHARLES-THOMAS
• A MONSIEUR LOUIS VEUILLOT
• VEUILLOT Louis
• Nîmes, 7 novembre 1878.
• 7 nov 1878
• Nîmes

Mon cher ami,

J’ai les explications de l’évêque de Montpellier, il est désolé de ce qu’a fait sa Semaine(1). Au fond je n’en suis pas fâché parce que vous m’avez donné l’occasion de lui parler un peu net. Toutefois ne faites pas illusion: si vous tirez une ligne de Besançon à Bordeaux, l’évêque du Midi sur lequel vous pouvez le plus compter, c’est celui de Montpellier.

Je ne croyais pas à la conspiration libérale qui éclate, c’est lui qui nous l’a révélée et il cherche aussi une occasion pour l’attaquer en face. Il profitera probablement de l’anniversaire de la mort de Pie IX pour proclamer ce nouveau Syllabus et l’action de Pie IX sur le monde. Si vous avez quelques pièces importantes, il faut me les faire parvenir, il frappera ferme. Il y est décidé. La position que son discours sur St Thomas d’Aquin à Toulouse, sur St François de Sales à Annecy(2) lui ont faite dans l’épiscopat, le prépare pour être l’Evêque du Midi; l’archevêque d’Aix veut en faire un métropolitain, celui de Lyon un cardinal. Cela s’est dit sur tous les tons.

Après Belley, l’homme de confiance du Primat des Gaules, c’est l’évêque de Montpellier et pour la capacité, il est bien au dessus du successeur de Mgr Devie(3). Je crois que vous pouvez compter entièrement sur l’évêque de Montpellier pourvu que vous m’indiquiez ce qu’il y a à faire. Je vous préviens qu’il ne veut pas être archevêque de très longtemps, parce qu’il refait un diocèse ravagé par les deux prédécesseurs(4).

Maintenant auriez-vous le temps de me dire les dessous des cartes? Je vois des gens s’agiter sous un voile, mais je ne vois pas les figures et les traits bien nettement dessinés sous un voile libéral.

Nous allons à l’abyme, peut-être la peur nous unira-t-elle et alors nous ne tomberons pas; malgré tout il ne reste que deux choses: la révolution et l’Eglise? Comme les catholiques allemands, nous finirons par vaincre si nous le voulons.

Je lisais le Voltaire de l’abbé Maynard au moment où a paru la lettre de Falloux et en voyant la citation sur La Barre et les conclusions qu’en tire l’Angevin, je répétais sans cesse en poursuivant mes volumes: « est-il bête Falloux »(5).

Mille fois vôtre en NS.