- PM_XIV_507
- 0+616|DCXVI
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 507
- Orig.ms. ACR, AD 644; V. *Lettres* III, pp. 435-437 et D'A., T.D. 20, pp. 88-89.
- 1 AMITIE
1 AUMONIER
1 BONTE
1 CELLULE
1 CHANOINES
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CHATIMENT
1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
1 COUVENT
1 CRITIQUES
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 ELECTION
1 EPOUSES DU CHRIST
1 ESPERANCE
1 EVEQUE
1 FIDELITE A LA GRACE
1 FOI
1 GRAVITE
1 HUMILITE
1 MISSIONS ETRANGERES
1 PARTI
1 PATERNITE SPIRITUELLE
1 PECHE
1 PENITENCES
1 PERFECTION
1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 RESIDENCES
1 RETRAITE SPIRITUELLE
1 ROYALISTES
1 SANTE
1 SEVERITE
1 SUPERIEUR
1 SUPERIEUR GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
1 SUPERIEURE GENERALE
1 VACANCES
1 VOIE UNITIVE
2 CHAPOT, JEAN-JACQUES-FRANCOIS
2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
2 GAY, CHARLES-LOUIS
2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
2 LARCY, ROGER DE
2 POUJOULAT, JEAN-JOSEPH
2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
2 SURVILLE, CHARLES DE
3 PARIS - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Nîmes, le 10 mai 1849.
- 10 may 1849
- Nîmes
- Institution de l'Assomption
- *Madame*
*Madame la Supérieure de l'Assomption*
*n° 94, rue de Chaillot*
*Paris.*
Vous n’en avez pas fini avec moi, ma chère fille, et, quoique j’aie peu de temps, je tiens à vous répondre sur ce que vous me dites de vous. Vos dispositions sont très bonnes; il ne s’agit que de les entretenir. J’aime beaucoup que l’abbé Gerbet vous vienne voir. Je crois qu’il pourra vous faire beaucoup de bien et qu’il vous aidera puissamment à ramener dans votre âme l’onction que vous n’y trouvez plus. Pour le courant, M. Gay pourra aussi vous aller; mais pour ce dernier, je suis plus préoccupé du bien que vous pourrez lui faire que de celui qu’il vous fera. Mais où en êtes-vous donc avec M. Gabriel? Quoique chanoine, est-il toujours votre aumônier? Quand prend-il ses vacances? Si j’allais à Paris me mettre près de chez vous, j’aimerais autant qu’il n’y fût pas; autrement, je prendrais une chambre dans l’appartement de ma soeur. Mais j’en reviens à M. Gay: prenez-le et servez-vous-en pour votre retraite, si vous la faites le plus tôt possible.
Veuillez y réfléchir très sérieusement sur les rapports qui devront subsister un jour entre nos deux Associations. Il importe de les préciser de la manière la plus claire possible; sans quoi, plus tard, il y aura des embarras. Je vous avoue que je suis très porté à ne désirer que des rapports de bienveillance et d’amitié. Je sais bien qu’alors les évêques pourront s’opposer à une certaine direction. Mais: 1° cette direction sera-t-elle bien nécessaire? 2° il y aura dans l’unité d’idées, de but, de moyens pour les études, [dans le] rapprochement pour certaines oeuvres comme les missions étrangères(1), tant de points de contact que la force des choses unira plus que tout le reste. Et si le lien de charité n’unit pas, il me semble que le lien d’autorité serait une trop lourde chaîne, pour que des filles comme vous consentissent à la porter et des gens comme nous se soumissent à l’imposer. Tout cela ne serait peut- être pas très parfait; mais, pour être vrai, il faut prendre l’humanité avec ses misères.
Vous avez, dites-vous, quelques embarras à songer que vous ayez quelquefois plaisanté M. Gay. Cela vous prouve en passant la nécessité de donner sur ce point plus de sérieux et de respect à vos filles. Je sais bien que cela a un bon côté, celui de dégoûter de la faiblesse de certains coeurs, mais cela a aussi, je crois, de graves inconvénients, comme par exemple dans cette circonstance.
La disposition de votre âme envers Notre-Seigneur est très bonne, celle que vous n’osez plus avoir serait plus amoureuse. Mais telle que vous vous trouvez, vous êtes dans une humilité plus grande, et c’est un bien. Cette dépendance que Notre-Seigneur vous fait sentir est très précieuse. Une épouse dépendante est bientôt une épouse bien aimée. Ce que je vous demande surtout, c’est de combattre la préoccupation qui perçait dans vos lettres précédentes, que vous ne seriez jamais bonne. Rien de funeste comme une pareille pensée. J’aime bien mieux vous voir relever par le sentiment des devoirs que Dieu vous donnera la force de remplir, à mesure que vous l’aimerez davantage, et par la conviction que les trésors de sa grâce seront à votre disposition, dès que vous voudrez leur faire rapporter quelque chose. Marchez avec foi, confiance, humilité; l’amour viendra certainement bientôt.
Je ne crois pas devoir abuser de votre santé; il importe de la ménager, mais vous pouvez à chaque faute que vous commettez vous dire: « Si on le voulait, on pourrait me châtier, et je n’aurais pas le droit de me plaindre ». Cette disposition sera très bonne pour vous préparer aux pénitences que je vous imposerai, quand je le jugerai à propos.
Ce que je vous dis des relations de nos deux oeuvres ne rend pas ma pensée. Je vous avoue que tant que je vous ai sentie raide, un certain sentiment m’a empêché de vous parler trop des détails de votre maison. Il me semblait que vous ne le désiriez pas, soit parce que vous vouliez que je m’occupasse plus de vous, soit que, trouvant que je vous faisais du mal, vous ne vouliez pas que j’en fisse à vos filles. Etait-ce délicatesse ou fierté de ma part? Je ne sais, mais vous avez pu voir que j’ai accepté cette disposition sans trop de peine. Aujourd’hui, j’en ai quelques remords, mais ne dois-je pas profiter de l’expérience? Que seront un jour l’un pour l’autre un supérieur général et une supérieure générale, si les deux oeuvres se développent?
Les listes de nos candidats viennent d’être définitivement arrêtées. Il est difficile de faire présenter M. Poujoulat, impossible même. Pour moi, je vous avoue que je ne voterai pas. Porter sur une liste sept légitimistes et un voltairien, c’est trop fort(2).
Adieu, ma fille. Il me faut vous quitter. Mais soyez bien convaincue que, s’il m’est précieux d’être votre père, il y a chez moi une absolue disposition à vous être tout ce qui vous sera le plus utile, même un maître impitoyable, si Dieu le demande pour votre perfection.
E.D'ALZ[ON].2. Sept de ces huit candidats étaient des catholiques pratiquants, que le journal du P. d'Alzon, *la liberté pour tous*, avait patronnés en 1848 pour les élections législatives ou municipales. Il est vrai qu'ils étaient alors flanqués de candidats républicains. Ils furent tout de même élus tous les huit en 1849. Trois d'entre eux étaient les amis personnels du P. d'Alzon, à savoir: de Surville, de Larcy et Chapot; ce dernier lui servait même d'homme d'affaires à Paris.