- PM_XIV_419
- 0+570 a|DLXX a
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 419.
- Orig.ms. ACR, AD 574; D'A., T.D. 20, pp. 10-12.
- 1 COLLEGE DE NIMES
1 CONTRARIETES
1 COUCHER
1 CRITIQUES
1 DESIR DE LA PERFECTION
1 DIEU LE PERE
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 EFFORT
1 ESPERANCE
1 ESPRIT DE COMMUNAUTE
1 FRANCHISE
1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
1 LEGERETE
1 BONTE
1 PREMIERE COMMUNION
1 PROPRETE
1 PROVIDENCE
1 PURETE D'INTENTION DE L'APOTRE
1 RENDEMENT DE COMPTE
1 SOUCIS D'ARGENT
1 TEMPERAMENT
1 UNION DES COEURS
1 VERTU D'OBEISSANCE
2 ALZON, MADAME HENRI D'
2 BOLZE, MADAME SIMEON
2 CHAPOT, JEAN-JACQUES-FRANCOIS
2 CHARAIX, CHARLES MORE DE
2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL
2 PALISSARD
2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
3 MIDI
3 MONTPELLIER
3 NIMES
3 PARIS - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Nîmes, le 24 mai 1848.
- 24 may 1848
- Nîmes
- Maison de l'Assomption
Me voici de retour de Montpellier, ma chère fille, où je suis allé chercher de l’argent. J’arrive avec quelques espérances, mais ce ne sont que des espérances. D’ici à huit jours, il me faut 14.000 francs, et je ne sais où les pêcher. Enfin, que la volonté de Dieu soit faite! Car si Dieu veut que la maison se ferme, elle se fermera et tout sera dit. Notre-Seigneur sait mieux que nous ce qui nous convient. Il ne faut donc pas se hâter de perdre courage, ni s’effrayer trop d’un malheur qui peut entrer dans les vues de la Providence pour le bien des élèves et pour celui des maîtres. Mais parlons d’autre chose.
Voilà ma pauvre Alix qui va vous être enlevée pour quelques mois. Le séjour de cette enfant chez vous a été l’objet d’une correspondance assez longue, ma mère tenant à l’avoir et Mme de Puységur tenant à vous la laisser. Il eût été impossible que ma soeur eût quelque agrément dans le Midi, si elle n’y était pas revenue avec sa fille.
Je suis ravi que vous soyez contente de M. Chapot. Ce pauvre homme a perdu sa femme, le jour de son élection. C’est un excellent sujet et je suis convaincu que vous pourrez lui être souvent utile. Quant à M. Palissard, c’est autre chose; il fait la désolation de sa famille qui voudrait le voir se fixer enfin, ce qui n’est pas chose facile. Surtout ne lui parlez pas d’argent. Je ne lui ai point dit d’aller vous voir; il a pris la chose sous son bonnet. Vous pouvez brûler la lettre de M. de Charraix sans la moindre difficulté.
Je passe à votre seconde lettre. Puisque mes paroles vous ont fait du bien, je ne demande pas mieux que de vous tenir souvent le même langage. Seulement laissez-moi vous dire auparavant combien je vous ai trouvée bonne de vous être hâtée de m’écrire pour me tranquilliser sur les dernières paroles de votre lettre précédente. Ce sont là les deux natures. Mais croyez bien que j’aime trop la bonne pour me formaliser des petits soulèvements de l’autre.
Je ne sais si je dois vous gronder de vous fatiguer en vous couchant trop tard pour m’écrire, car cela me paraît imprudent, et, d’autre part, j’ai été bien content de recevoir quelque chose de vous. Cependant ménagez-vous. Vous n’êtes pas malade et vous ne vous guérissez pas entièrement. C’est un état neutre qui n’a rien de bon. Quand donc serez-vous tout à fait forte?
Quant à vous écrire à coeur ouvert, il me semble que vous pouvez vous apercevoir si, quand je voudrais vous écrire autrement, je le pourrais. Cela ne m’empêchera pas, je l’espère, de vous parler avec l’autorité convenable, et de vous faire sentir l’obéissance que vous me devez, quand le bien de votre âme le requerra. Je sens s’en aller tous les jours la légèreté que vous m’avez quelquefois reprochée; elle cède devant les préoccupations auxquelles me forcent les affaires de la maison; et quand j’en aurai pris l’habitude, sous cette rude épreuve peut-être pourrai-je la conserver, tout en reprenant cette liberté d’esprit qui est nécessaire pour faire aux autres tout le bien qu’on leur veut.
Quant à vous, ma chère fille, ne vous en mettez pas en peine. Vous vous relèverez par la grâce et vous acquerrez, si je puis dire ainsi, un charme surnaturel qui remplacera bien, si Dieu vous en juge digne, cette amabilité naturelle que vous croyez avoir perdue. Mais ne vous préoccupez pas trop de cela pour le moment. L’essentiel, ce me semble, c’est que vous vous rapprochiez de Dieu le plus possible par cette dépendance très douce, qui vous le fera considérer comme votre père et Jésus-Christ comme votre époux.
Dans vos rapports avec vos Soeurs laissez comme transpirer, à travers toutes vos paroles et tous vos mouvements, cet esprit intérieur de perfection, dont vous devez avoir en vous comme le dépôt. J’attends de vous un rendement de compte sur ceci. Vous aurez la bonté de me dire en quoi, depuis quelque temps, vous avez communiqué de votre vertu à vos Soeurs, et en quoi vous avez élevé par là l’esprit de votre maison à un niveau supérieur. Supposé que votre conscience ait à vous faire quelques reproches, vous comprenez que j’aurai à vous les faire, à mon tour, et à vous punir.
Vous avez bien raison de dire que je me laisserais peut-être aller à oublier mes résolutions d’autorité. Pourtant comme depuis quelque temps j’en prends assez pour la maison de Nîmes, il est bien possible que vous me trouviez également plus exact avec vous. Je dois à ce sujet vous demander ce que vous avez fait pour profiter des observations que je vous ai présentées dans le temps au sujet de la propreté. Ici il faut que je me plaigne du matin au soir, et encore je n’ai pu obtenir tout ce que je désire.
Mme Bolze est partie hier soir pour Paris. Adieu, ma chère fille. Tout à vous en Notre-Seigneur. Prenez cette lettre toute courte; j’ai été dérangé cinq ou six fois. Mille choses à vos Soeurs. Le frère de Soeur M.-Emmanuel va faire sa première communion, mais il n’est guère bien préparé.