- PM_XIV_383
- 0+545 c|DXLV c
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 383.
- Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 19, pp. 257-258.
- 2 BECHARD, FERDINAND
2 BECHARD, MADAME FERDINAND
2 CARBONNEL, ISAURE
2 CHAUVELY, MARIE
2 GRIOLET, JOSEPH-AUGUSTE
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 RIGOT, MADAME
2 VALAT, ANSELME - A SOEUR MARIE-VINCENT CARBONNEL
- CARBONNEL Marie-Vincent ra
- Nîmes, le 8 nov[embre] 1847.
- 8 nov 1847
- Nîmes
- Institution de l'Assomption
- *Soeur Marie-Vincent.*
Puisque vous voulez une prompte réponse, ma chère enfant, je n’ai pris que le temps de réfléchir très sérieusement à ce que vous me demandez. Je n’ai pas voulu faire part de nos misères à M. Valat, j’ai été sur le point d’aller chez M. Griolet, mais réflexion faite j’ai préféré prendre quelques renseignements de Chauvély, dont vous savez la parfaite discrétion.
Tout considéré, l’idée de fixer le partage à cinq ans me paraît un enfantillage auquel vos soeurs ne tiendront plus, quand vous n’y tiendrez plus vous-même.
La question pour vous de perdre quelques mille francs me paraît un rien, en face de la question morale bien autrement grave qui vous oblige à réfuter les tristes accusations de vos soeurs contre la communauté qui vous a reçue; quoique malheureusement ces accusations retombent déjà sur leur auteur, il ne faut pas y donner le moindre prétexte, et même les réfuter par les faits.
A votre place, je demanderais à M. Béchard s’il voudrait consentir à être votre arbitre entre vous et vos soeurs. Il faudrait le faire venir une ou deux fois; à la seconde, lui ménager une entrevue avec notre Mère, qui devra être très aimable pour lui et lui témoigner une entière confiance, puis vous lui feriez donner sa parole d’agir en galant homme, et ou je me trompe fort, ou cela suffira pour que tout s’arrange pour le mieux.
Je comprends que vous désiriez votre part des revenus, mais souvenez-vous que quelques écus ne sont rien, surtout si vous assurez le capital, auprès de la position qu’il faut faire à votre communauté dans l’esprit des gens de ce pays.
Toutefois je sais par Chauvély que vos soeurs cherchent à vendre la maison du boulevard St Charles. Peut-être veulent-elles vous empêcher de réclamer au moins cette portion de vos capitaux, s’ils devenaient disponibles.
Je sais que Mme Béchard, qui était montée contre vous, les traite un peu sévèrement; le mari, si vous lui témoignez de la confiance, subira les idées de sa femme, et je crois que son opinion est quelque chose à ménager. Il faut lui témoigner de la franchise, de la confiance, du désintéressement et de la compassion pour les fureurs de votre soeur: c’est la plus belle position comme religieuse et comme femme du monde.
Je sais que notre pauvre Mère, n’a pas été épargnée. Il faut qu’elle soit connue de nos méridionaux, et que sa réputation de femme intéressée s’évanouisse pour le bien de son oeuvre.
Chauvély devient froide avec vos soeurs, elle en est un peu fatiguée; elles se sont rejetées vers Mme Rigot. Pour lui faire dire ce qu’elle pouvait savoir, Mlle Is[aure] lui a écrit une déclaration d’amour, et l’a invitée à venir à la campagne. Elle lui disait que n[otre] M[ère] avait intercepté des lettres d’elle, Isaure, à vous et les avait transcrites pour me les envoyer, et d’autres choses de ce genre.
Adieu, ma fille. Priez pour moi, qui ai une grande joie à penser que je vous reverrai dans un mois.
Tout vôtre en Notre-Seigneur.