- DR13_156
- 6749
- DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 156
- Orig.ms. ACR, AD 1801; D'A., T.D. 24, n. 1345, p. 110-112.
- 1 PENSIONNATS
1 PRIEURE DE NIMES
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
2 BAILLY, EMMANUEL
2 BARLOIS, MARIE-CAMILLE
2 BOSC, FRANCOIS DE SALES
2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
2 GUIDI, JEAN-BAPTISTE
2 HUMMEL, MARIE-PAUL
2 LANSADE, ELISABETH DE
2 LANSADE, MARIE DE
2 MICHEL, AINE
2 MICHEL, CADET
2 MICHEL, MARIE-ROSE
2 O'NEILL, CECILE-EMMANUEL
2 O'NEILL, GERTRUDE DE JESUS-MARIE
2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
3 NICE
3 NIMES - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Nîmes, 17 juillet 1879.
- 17 jul 1879
- Nîmes
Ma chère fille,
J’attends une de vos lettres, mais en attendant je viens vous faire part de quelques observations utiles pour vos arrangements pendant les vacances.
L’abbé Guidi nous a quittés hier. Il m’a communiqué quelques réflexions sur le pensionnat de Nice, et cela de lui-même. Il y trouve qu’on accorde trop aisément la permission de sortir en masse pour des fêtes publiques. Comme cette facilité de sortir et ces permissions de rentrer le lendemain sont un de mes griefs contre le prieuré, parce que là où il y a des frères et des soeurs les parents ne comprennent pas que nous soyons si sévères, quand au prieuré on est si indulgent, je crois devoir vous dire à l’avance que si pareil contraste se produisait l’an prochain, je serais forcé de donner des ordres pour qu’avec les parents dont les fils seraient chez nous et les filles chez vous, on comprît ma désapprobation du système trop mou du prieuré.
Soeur François de Sales va partir et j’en bénis Dieu. Elle a été très peinée, à cause de ma sévérité pour ses visites dans sa famille; elle n’en a pas tenu compte et vous a écrit. Il paraît que vous n’avez pas répondu. Elle s’est plaint à Mère M.-Gabrielle, à qui j’ai ordonné de s’en tenir à ma décision. Elle est venue me faire ses adieux, tournant ses phrases de façon à ce que je lui dise que je désirais la revoir. Au lieu de cela, je lui ai dit catégoriquement que je trouvais que le prieuré contenait beaucoup trop de Nîmoises, qui voyaient beaucoup trop leurs parents, leur racontaient les histoires de l’intérieur du couvent; ce qui faisait qu’on savait trop en ville les cancans de la maison, tandis que les autres communautés, qui ont autant de misères qu’à l’Assomption, gardaient leurs misères pour elles.
Enfin, de grâce, ne me renvoyez plus cette fille par trop tripoteuse! Et, à ce sujet, permettez-moi de vous faire part de la peine que j’éprouve à voir l’esprit de sincérité se retirer de vos filles. Chacune me conte la même histoire d’une façon différente; c’est à ne savoir qui croire. Ainsi Soeur Cécile-Elisabeth est venue me chanter que sa soeur voulait se retirer, à cause des procédés de Mère M.-Camille; elle ne se doutait pas, il est vrai, que la vocation de sa soeur fût ébranlée depuis longtemps. Soeur M.-Ange voudrait retourner à Auteuil. Je lui ai répondu d’attendre, que si Mère Thérèse-Emm[anuel] vient à Nîmes pendant les vacances, on pourra l’y voir tout à l’aise. Mais je suis bien aise de vous parler des griefs contre Mère M.-Camille, qui peuvent avoir quelque chose de fondé, mais dans la plus mince proportion.
Si Soeur M.-Paul a fait partir une élève, elle en empêcherait deux de venir. Une mère, dont la fille aînée a terminé son éducation au prieuré, a deux enfants à y mettre; elle est allée trouver le P. Emmanuel pour s’assurer que Soeur M.-Paul n’y était plus, sans quoi elle ne les y aurait pas placées. Elle avait fait la même déclaration à Mère M.-Gabrielle; celle-ci a cru devoir prévenir cette dame que probablement elle quitterait le prieuré. J’ai trouvé cela assez maladroit. Le P. Emmanuel, consulté, a répondu assez habilement qu’il ne savait rien, mais qu’on avait tout intérêt à placer à Nîmes un sujet distingué. Si pour les permissions Mère M.-Madeleine doit être aussi faible que Mère M.-Gabrielle, ce n’est pas la peine de changer.
Enfin, je vous conjure de faire attention à ne pas me laisser trop de Nîmoises. Soeur M.-Rose ne peut guère rester; son frère aîné est un des chefs républicains, et son cadet, à moitié fou il est vrai, vient de présider un enterrement civil, où il a prononcé un discours insensé. J’avais l’intention d’attendre une lettre de vous pour clôre celle-ci, mais voilà quatre pages pleines. J’ai oublié de vous dire qu’en écoutant Mère M.-Gabrielle, elle m’effraie par le décousu de certaines observations. Il faut la traiter avec grande circonspection. Quant à Soeur M.-Ange, j’attribue quelque chose de ses dispositions d’aujourd’hui au passage de Soeur M.-Paul. Soeur Cécile-Elisabeth est, à mes yeux, bien malade et c’est une bien grande gêne pour elle.
Tout vôtre en Notre-Seigneur.
E.D'ALZON.