DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 82

2 apr 1879 Nîmes PICARD François aa

Je compte vous arriver lundi, si mon coeur le permet – La mort du Frère Boulet – J’hésite à aller à Rome – Ne comptez pas sur moi pour la Semaine sainte – En Bulgarie – Une vocation de Chartreux.

Informations générales
  • DR13_082
  • 6658
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 82
  • Orig.ms. ACR, AF 341; D'A., T.D. 26, n. 724, p. 290-291.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 FATIGUE
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 MORT
    1 PREDICATION
    1 SANTE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 BARAGNON, LOUIS
    2 BOULET, JULES
    2 BRUNIAUX, ANSELME
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 MAUBON, JOSEPH
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 PUYSEGUR, MADAME JEAN DE
    2 QUINSONAS, COMTE DE
    2 QUINSONAS, EMMANUEL DE
    2 TOUVENERAUD, PIERRE
    2 VAULCHIER, LOUIS-JOSEPH DE
    3 ARRAS
    3 BULGARIE
    3 BULLY-GRENAY
    3 CLAIRMARAIS
    3 ROME
    3 VALBONNE
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 2 avril [18]79.
  • 2 apr 1879
  • Nîmes
La lettre

Bien cher ami,

Je compte vous arriver lundi, si mon coeur me le permet. J’en souffre assez, par moments. Je vous arriverai vers 11 heures et demie. Enfin, je vais étudier au mieux mon affaire. Le pauvre Frère Boulet(1) n’est donc plus de ce monde, j’ai déjà dit deux messes pour lui. Je considère sa mort comme une grande grâce pour lui, dans les conditions où elle a eu lieu. C’était un excellent chrétien, peut-être pas assez religieux. Ah! que nous avons à y réfléchir!

J’hésite à aller à Rome. Je ne suis pas malade, mais affaibli. Ne comptez pas sur moi pour la Semaine sainte, sinon par ma présence. Je puis causer, parler à quarante ou cinquante personnes, pas plus. Il faut savoir s’en aller. Si dans votre séjour à Rome vous pouvez vous charger de deux ou trois commissions, je m’abstiendrai probablement du voyage, tant je suis éreinté.

Il est évident que le P. Galabert est au moment le plus favorable pour s’établir matériellement en Bulgarie. Jamais les terrains n’y seront aussi bas qu’aujourd’hui(2). Par conséquent, s’il a un peu d’argent, il ne peut que réaliser d’excellentes affaires. Mais à bientôt. Si quelqu’un venait à ma rencontre, lundi matin, au train de dix heures et demie, il serait bien aimable.

Adieu, et tout à vous.

E.D’ALZON.

Louis Baragnon va mieux de sa maladie, mais résistera-t-il à l’épuisement? Le troisième fils de M. de Quinsonas est parti pour la Chartreuse. J’ai écrit au prieur général, qui croit à la vocation du jeune homme(3). Le meilleur serait que M. de Quinsonas fît le voyage.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le Fr. Jules était décédé le 29 mars à Clairmarais, "emporté en quelques minutes par une apoplexie cérébrale" (J.Maubon, 30 mars). C'était un des plus anciens religieux de la congrégation (v. TOUVENERAUD, *Lettres* II, p. 604). Il avait prononcé ses premiers voeux le 28 août 1852, moins de deux ans après le P. d'Alzon et ses premiers compagnons. Dans nos *Lettres* nous avons surtout eu l'occasion de le voir à l'oeuvre à l'orphelinat des Brebis, dans les années 1872-1875, l'époque de *Germinal*.
2. Les terrains à vendre ne manquent pas, l'insécurité ayant fait fuir beaucoup de propriétaires musulmans.
3. Ce jeune homme, qui à la Chartreuse de Valbonne va devenir Dom Emmanuel, est le frère de Clotilde de Quinsonas, Mme Jean de Puysegur. Quelques semaines plus tard, le P. de Vaulchier écrira de lui au P. d'Alzon : "Je suis sorti de sa cellule, il y a quelques jours avec une grosse larme dans les yeux et dans le coeur un furieux accès de jalousie. Ah! oui on le gardera et le bon Dieu aussi le gardera, car il est bien à Lui..." (4 août). - Le prieur général est Dom Anselme Bruniaux.