DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 596

28 oct 1878 Nîmes GALABERT Victorin aa

Andrinople et Philippopoli – Agissez tout droit – Je songe à aller à Andrinople – Pour les Russes plutôt que pour les Anglais – Fortifions-nous, recueillons-nous, soyons modestes, devenons des saints, voilà l’essentiel – Les Polonais – Le fils du P. Nicétas.

Informations générales
  • DR12_596
  • 6488
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 596
  • Orig.ms. ACR, AJ 363; D'A., T.D. 32, n. 363, pp. 362-363.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 ALUMNATS
    1 ANGLAIS
    1 APOTRES
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 BONTE
    1 CONTRARIETES
    1 DIPLOMATIE
    1 EGOISME
    1 ERREUR
    1 FRANCHISE
    1 GUERRE
    1 HUMILITE
    1 LIBERTE
    1 MARTYRS
    1 MAUX PRESENTS
    1 MENEURS
    1 NONCE
    1 PERSECUTIONS
    1 PLANS D'ACTION
    1 POLITIQUE
    1 POLONAIS
    1 PROFESSION TEMPORAIRE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RUSSES
    1 SAINT-SIEGE
    1 SAINTS
    1 TESTAMENTS
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VASES SACRES
    1 VIE DE RECUEILLEMENT
    1 VOYAGES
    2 BARRE, LOUIS
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 CZACKI, VLADIMIR
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 NICETAS, JEAN
    2 NICETAS, STEPHAN
    2 SACCONI, CARLO
    2 UTUDJAN, EUGENIE
    3 ALES
    3 ANDRINOPLE
    3 ANGLETERRE
    3 AUTRICHE
    3 FRANCE
    3 ORIENT
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI
    3 POLOGNE
    3 RUSSIE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, le 28 oct[obre 18]78.
  • 28 oct 1878
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Je reçois votre lettre du 19 et je vous préviens que je pars pour Paris; j’y serai jusqu’au 30 novembre. Vous pouvez m’y écrire une ou deux fois. Le bon P. Alexandre s’embrouille assez aisément. Je ne puis croire que, de très longtemps, Andrinople ne soit préférable à Philippopoli. Nous y serons plus libres vis-à-vis des Russes, nous serons plus près de la Russie, et nous n’aurons pas les Capucins. Du reste, si j’ai un conseil à vous donner, c’est d’agir tout droit. Vous aurez des obstacles; qu’importe? Les obstacles vous feront voir certains côtés faibles de vos plans et vous fortifieront pour le reste. Pour le moment, je suis très convaincu que Dieu nous poussera là où nous ne voulons pas aller; c’est pourquoi il faut nous recueillir.

Je songe très sérieusement, si les cartes se brouillaient trop en France, à aller à Andrinople, soit pour faire comme les apôtres, qui, selon la recommandation de Notre-Seigneur, fuyaient dans un pays quand on les chassait d’un autre, soit pour étudier de plus près la grosse question russe; mais ce ne serait jamais avant le printemps prochain. Il me paraît impossible que quelque chose ne sorte pas du mouvement actuel. Mais, dans tous les cas, considérez comme non avenues toutes les idées de l’excellent P. Alexandre, qui est bon comme du bon pain, mais qui a vite montré qu’il n’est pas fort.

Maintenant avec les Russes, qui, dit-on, vont se masser autour d’Andrinople, qu’allez-vous faire? La France fait, dit-on, alliance avec l’Autriche et l’Angleterre. J’en suis peu satisfait; j’eusse préféré l’alliance avec la Russie, et de beaucoup. L’Angleterre a toujours été d’un égoïsme désespérant, et le cardinal Manning m’a dit que l’Angleterre voulait hériter en [Orient](1) de l’influence française. Mon penchant serait pour les Russes plutôt que pour les Anglais. En ce moment, nous n’avons pas à nous trop presser. Fortifions-nous; recueillons-nous, soyons modestes, devenons des saints. Voilà l’essentiel.

Occupez-vous le moins possible des Polonais. On voulait nommer Czacki nonce à Paris. Sacconi et moi, et quelques-autres probablement, ont fait comprendre qu’un nonce polonais à Paris équivaudrait à une déclaration de guerre de la part du Vatican(2). J’ai des raisons de croire qu’à Rome l’action polonaise baisserait vite, si la Russie persécutait moins la Pologne. On connaît les têtes, mais ils sont martyrs. La Russie me semble faire bien fausse route, mais c’est son affaire. Le colosse en sera brisé.

On a pensé trop tard à faire faire un testament à Soeur Eugénie. Le fils du P. Nicétas est un saint, mais un embrouillé; que faut-il en faire? Il sera un religieux parfait, peu capable d’études. Faut-il le renvoyer chez vous? Faut-il le faire étudier encore? Réponse, s’il vous plaît(3).

Je vais tâcher d’avoir des vases sacrés pour votre alumnat; ceux de M. Barre sont à l’alumnat d’Alais.

Adieu, et tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit porte: *France*.
2. En octobre 1879, Mgr Czacki sera à Paris.
3. Réponse du P. Galabert le 13 novembre: On ne peut le renvoyer ici avant que la situation de son père ne soit mieux établie. De toute façon il ne pourrait faire ses études théologiques en Orient. Quant à sa vocation religieuse, il serait bon de l'admettre à des voeux temporaires et conditionnels en ce sens que si, après un séjour de durée déterminée auprès de son père, il demandait à nous revenir,il ne soit pas obligé de recommencer un noviciat.