- DR11_425
- 5681
- DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 425
- Orig.ms. ACR, AF 152; D'A., T.D. 26, n. 538, pp. 126-130.
- 1 ALUMNATS
1 AMITIE
1 ASSISTANTS GENERAUX ASSOMPTIONNISTES
1 ASSOCIATIONS OEUVRES
1 BETISE
1 BONTE
1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
1 COLLEGES
1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
1 CONGREGATIONS DE FEMMES DE L'ASSOMPTION
1 CONSEIL DU GENERAL
1 CONSTITUTIONS DES ASSOMPTIONNISTES
1 CRITIQUES
1 DEFICITS
1 DEPARTS DE RELIGIEUX
1 EMPLOIS
1 ENSEIGNEMENT
1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
1 FRERES CONVERS
1 INSPECTION SCOLAIRE
1 JESUS-CHRIST MODELE
1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 MAITRESSE DES NOVICES
1 MAL MORAL
1 MALADIES MENTALES
1 MISSIONS ETRANGERES
1 MONITIONS
1 NOMINATIONS
1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
1 OBLATES
1 OUBLI DE SOI
1 PREDICATION
1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
1 RELATIONS ENTRE RELIGIEUX
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 RESPONSABILITE
1 SAINT-SIEGE
1 SCOLASTICATS
1 SUPERIEUR
1 SUPERIEUR GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
1 SUPERIEURE GENERALE
2 BAILLY, EMMANUEL
2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
2 BRUN, HENRI
2 CHAMBOURDON, FRANCOIS
2 DUMAZER, ALEXIS
2 GALABERT, VICTORIN
2 JUDAS
2 LAURENT, CHARLES
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
2 VITTE, PIERRE-FERDINAND
3 ITALIE
3 LYON
3 NIMES
3 PARIS
3 ROME
3 SALETTE, LA - AU PERE FRANCOIS PICARD
- PICARD François aa
- Le Vigan, 20 juillet [18]76.
- 20 jul 1876
- Le Vigan
Mon cher ami,
A distance on semble ne pas s’entendre, quoique l’on diffère au fond très peu. Ainsi sur P. François. J’estime qu’il serait fort heureux qu’il se retirât; la Congrégation n’aurait qu’à y gagner. Toutefois, je ne pense pas utile de le pousser par les épaules. Seulement s’il se retire de lui-même, la Congrégation n’y perdra rien incontestablement. Un supérieur qui devant Dieu doit chercher le plus grand bien, ne doit jamais faire l’ombre d’un mal, mais peut le laisser faire, comme Notre-Seigneur le laissa faire à Judas. Pourtant Notre-Seigneur savait bien que Judas commettait un crime et qu’à la suite il se pendrait. Après tout, peut-être ce bon Père François n’est-il que bête ou fou. Donc j’estime que s’il s’en va, bon voyage. On l’a assez averti; le reste le regarde. Il me semble que nous nous entendons, au fond.
Madame la supérieure me parle de régler les rapports entre les deux Congrégations. Cela est-il bien possible? Oserai-je vous dire que, supposé qu’elle vînt à mourir, les atomes crochus entre la Mère Thérèse-Emmanuel et moi seraient peu considérables. Encore au dernier voyage d’Italie, il paraît que vous auriez été peu aimable pour la supérieure (ceci, n’en parlez pas, de grâce, si on ne vous en a rien dit). Je ne vois là rien que de très naturel. Un directeur de caravane doit être ferme, si l’on veut que les choses marchent, et je connais les caprices des femmes les meilleures. Mais il paraît que Mère Thér[èse]-Em[manuel] est assez cause d’une surexcitation contre vous. Et, en même temps, lui ayant dit à Nîmes qu’elle devrait remplacer la supérieure générale dans les visites, je sais qu’elle a porté des plaintes de mon exigence; ce dont je n’ai aucun remords. Au point de vue de l’intérêt général, la vie de la supérieure me semble bien autrement précieuse que celle de la maîtresse des novices; et à avoir affaire à quelqu’un comme Soeur Thérèse-Em[manuel], j’aimerais fuir à cent lieues.
Pour moi, j’estime très sage ce que nous avons réglé dans nos deux derniers Chapitres généraux pour nos rapports avec les communautés de femmes. Dans cette situation, que pouvons-nous faire de plus? Il faut que vous connaissiez le fond de ma pensée. Je suis aussi dévoué que possible à la supérieure générale; je le suis à sa Congrégation; mais je prévois de grandes misères par le fait de Mère Thérèse-Emmanuel, misères dont je redoute de me mêler, si elle était jamais sup[érieu]re g[énéra]le de mon vivant. Vous comprenez que vous ne devez pas dire cela même à votre ombre. Cela dit, si vous voulez être le V[icai]re du supérieur général, j’en serai enchanté; mais je crois utile d’être toujours le plus près possible de la supérieure g[énéra]le, le plus loin possible de certaines autres personnes. Usez de tout ce que je vous dis là avec la prudence que je vous sais, pour pouvoir me renseigner à mon arrivée à Paris.
Je passe à la question des Assistants généraux. Ils sont nommés par le Chapitre, mais
1° Faut-il leur attribuer leurs travaux par régions, comme les Jésuites?
2° Faut-il les leur attribuer par objets divers, comme missions, études, oeuvres?
3° Est-ce le Chapitre qui doit les nommer pour telle ou telle fonction?
4° Est-ce le supérieur dans son conseil des assistants? Est-ce le supérieur général seul? Dans les commencements je sais bien que nous ferons tout de concert, mais plus tard?
J’estimerais que les attributions de chaque assistant fussent faites au Conseil des assistants, à la majorité; ils pourraient changer quelquefois d’attributions. Voici les principales:
Premier assistant: formation des religieux, leur surveillance, leurs mutations. Les mutations se feraient le plus possible en Conseil. Du premier assistant relèvent les noviciats.
Second: les études, les alumnats, les collèges, les scolasticats, leur inspection, les relations avec les directeurs d’alumnats, de collèges, de scolasticats.
Troisième: les missions, les prédications.
Quatrième: les oeuvres.
Ajoutez un procureur général et un secrétaire général avec voix consultative. Le Conseil ainsi composé se réunirait une fois par an, dans une maison en dehors de tout dérangement; ainsi jamais Paris ni Nîmes, chez les Dames de l’Assomption de Lyon, par exemple. Croyez-vous qu’en dehors du Chapitre général cela n’aurait pas une grande utilité, parce que de longtemps nous ne pourrons pas être tous ensemble. Tout ceci n’est qu’une esquisse. Voyez si vous trouvez quelque chose de mieux. Je vous attribuerais la formation et la surveillance des religieux, au P. Vincent de Paul les oeuvres, au P. Laurent les études, au P. Hippolyte les missions. J’avoue que le P. Laurent s’occupant très peu de l’ensemble des études et beaucoup du détail, j’aimerais autant P. Emmanuel pour assistant des études et des alumnats; il a plus d’idées générales. Le P. Hippolyte pour les missions s’entendra-t-il avec le P. Galabert? Je le nommerais procureur général, mais il semblera déchoir. Si le P. Hippolyte se charge des missions, je nommerai P. Emmanuel procureur général et P. Alexis secrétaire général. Ces deux charges sont à la nomination du supérieur g[énér]al, si je ne me trompe. Le Conseil plénier se composerait de sept personnes. Ou bien on prendrait P. Brun pour procureur g[énér]al et P. Emmanuel pour secrétaire g[énér]al. Je désire préparer ce travail avec vous; il a son importance. Si vous pouvez persuader au P. Hippolyte de prendre du repos, ce sera bien simple. Je nomme P. Emmanuel pour les missions;, il s’entendra à merveille avec les Oblates et aidera le P. Laurent pour les études.
Alors les nominations seraient ainsi:
1° P. Picard: formation et surveillance des religieux;
2° P. Laurent: études;
3° P. Vincent de Paul: oeuvres;
4° P. Emmanuel: missions, aide pour les études;
5° P. Hippolyte: procureur g[énér]al avec voix délibérative (exceptionnellement, à cause de lui);
6° P. Alexis ou Brun, secrétaire général.
Le supérieur général aurait six conseillers, dont deux ordinairement avec voix consultative. Total: sept. Si vous trouvez une combinaison meilleure, indiquez-la moi. Je ne tiens pas à la mienne.
Tout vôtre.
E.D’ALZON.
J’ajoute un supplément pour vous faire observer que les Constitutions donnent pouvoir absolu au supérieur g[énér]al, mais à Rome je crois bien, d’après ce que m’a dit Mgr Vitte, que cela ne sera pas accepté. Dans ce cas, peut-être est-il préférable de prévoir les choses. Exiger dans l’état actuel la réunion des quatre assistants généraux constamment dans le même lieu, est chose impossible. Ces réunions annuelles et même au besoin bisannuelles sont bien préférables. Voyez, elles ont eu lieu à Paris avec vous, V[incent] de P[aul], Hippolyte, P. Emmanuel qui y est venu. Mais que je voudrais pour cela une solitude au milieu de la France!
A l’instant, je reçois une lettre du Père François. Je lui réponds: « Puisque vous avez résolu de partir, partez. Vous voulez aller étudier la théologie à Rome, allez; mais vous êtes incapable d’apprendre quoi que ce soit. Mon consentement, vous l’avez en ce sens que je ne vous défends pas de dire la messe; mais à vous, à vous arranger avec les directeurs que vous avez consultés, pour savoir si vous pouvez dire la messe, tant qu’un évêque ne vous aura pas reçu. Celui de Nîmes ne vous recevra jamais; je m’y opposerai formellement.
« Vous avez à combattre les défauts ci-joints: votre orgueil -vous n’auriez dû être [que] simple Frère convers; j’ai été trompé sur votre compte et votre capacité-; votre paresse et votre ignorance, qui vont de pair avec une suffisance qui vous a fait donner les décisions les plus étranges, et que je connais, et dont je ne prends certainement pas la responsabilité; vos bavardages qui me font me réjouir de votre départ; vos mensonges dans une foule de circonstances -mais la partie cérébrale de votre maladie ne vous en rend peut-être pas responsable.
« Avec quoi irez-vous à Rome? Vous savez bien que vous n’avez qu’une petite propriété qui a dépéri et ne vaut plus rien, parce que vous ne l’avez pas vendue à temps. Vous n’avez d’argent que celui qu’on vous a donné comme religieux de l’Assomption. Je prends sur moi de vous l’abandonner, car ce sont des questions de justice auxquelles vous ne comprenez rien -ce qui vous rend moins coupable. Somme toute, je vous laisse faire; je ne vous permets rien, je ne m’oppose à rien, je ne suis responsable de rien, puisque vous avez pris votre résolution; mais comme votre départ me semble un bonheur pour la Congrégation, vous n’aurez aucune difficulté de ma part. Seulement, faites-vous relever de vos voeux; c’est votre affaire ».
Ce pauvre garçon me dit qu’il quitte la Salette sans me donner d’adresse. Lisez ma lettre; elle est aussi anguleuse que vous auriez pu la faire.
E.D'ALZON