DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 297

7 nov 1875 Paris CHABERT Louise

Après Besançon, j’irai sans doute à Lille puis à Gand – Un grand mouvement catholique – Apprenez Jésus crucifié, sa douceur, sa patience.

Informations générales
  • DR11_297
  • 5520
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 297
  • Orig.ms. ACR, AM 349; D'A., T.D.38, n.46, pp.63-64.
Informations détaillées
  • 1 ADVERSAIRES
    1 BAPTEME
    1 CONGRES CATHOLIQUES
    1 DEGOUTS
    1 DOUCEUR DE JESUS-CHRIST
    1 EFFORT
    1 ENFANTS DE DIEU
    1 ESPERANCE
    1 HAINE
    1 JOIE
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 PAPE
    1 PARDON
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PATIENCE
    1 PATIENCE DE JESUS-CHRIST
    1 PERSECUTIONS
    1 PLANS D'ACTION
    1 SANG DE JESUS-CHRIST
    1 ULTRAMONTANISME
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    1 VICAIRE GENERAL
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 CHAULNES, GABRIEL DE
    2 DECHAMPS, VICTOR
    2 HEMPTINNE, JOSEPH DE
    2 LEON XIII
    2 MOREL, JULES
    2 PIE IX
    2 SILVESTRE II
    3 BELGIQUE
    3 BESANCON
    3 GAND
    3 LILLE
    3 NIMES
    3 NORD
    3 PARIS
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Paris, 7 nov[embre 18]75.
  • 7 nov 1875
  • Paris
La lettre

Votre lettre, ma chère fille, m’apporte une grande joie. Et que je bénis Dieu de ce qu’il me permet de vous être ce que je vous suis! Je serai dans huit jours à Besançon; mais dans le mois serai-je à Nîmes? Il faut laisser passer les plus pressés. Il est possible que j’aille à un Congrès de Lille(1), supposé que j’aie à y faire quelque chose; de là, peut-être irai-je à Gand(2), si la personne que je tiens à y voir ne vient pas à Lille. Je serai toujours à temps de prendre possession du grand vicariat, je ne suis pas pressé.

Il se fait en ce moment, paraît-il, un grand mouvement catholique. Pie IX fait quelque chose, comme saint Léon III et Silvestre II. Le plan pontifical se dessine, et y aider tant soit peu est pour votre père une tentation bien forte. Tout ceci amènera des persécutions, dans tous les cas de grandes luttes. Il est bon de s’y unir, et tout cela m’entraîne un peu loin de certaines batailles à coups d’épingles. J’avoue que j’ai de plus en plus le dégoût de certains adversaires.

Ah! si vous pouviez voir la belle position à prendre à Paris! Et quel effort il faut faire pour aller se retrouver vis-à-vis des gens qu’on pardonne, non pas parce qu’on les hait, mais parce qu’il faut faire un terrible effort pour estimer en eux la créature de Dieu et leur baptême! Enfin, ils ont été rachetés par le sang de Jésus-Christ. Aussi sont-ils pardonnés bien complètement en vue du sang de Notre-Seigneur. Quand, avec votre quart de siècle, vous êtes prise du désir de n’en pas savoir davantage, je suis de votre avis. Apprenez Jésus crucifié, sa douceur, sa patience; baisez ses pieds et allez en confiance, patience et amour, là où il veut vous conduire.

Adieu, ma fille. A revoir, un peu plus tôt ou un peu plus tard.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Du 17 au 21 novembre doit se tenir à Lille l'assemblée générale des Comités catholiques du Nord de la France, sur le thème "Enseignement et Propagande". Ce congrès doit coïncider avec la fondation de l'université catholique de cette ville.
2. Sans doute pour y voir le comte de Hemptinne, propriétaire du journal *La Croix*, fondé l'année précédente et organe d'un ultramontanisme intransigeant. Le 25 septembre, le vicomte Gabriel de Chaulnes écrivant au P. Bailly parle de "la guerre sourde que tout l'épiscopat belge fait à cette pauvre *Croix* qui va succomber, grâce aux agissements du cardinal-archevêque de Malines", et il ajoute: "Je suis tout à fait de l'avis de mon ami l'abbé Jules Morel. Cette gredine d'école libérale fera des siennes tant qu'elle ne sera pas foudroyée par un bon canon de l'Eglise."