DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 9

4 jan 1875 Nice ALUMNISTES

La leçon de l’Epiphanie pour de futurs missionnaires.

Informations générales
  • DR11_009
  • 5198
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 9
  • Orig.ms. ACR, AK 456; D'A., T.D. 33, n.2, pp.384-385; publiée par l' *Assomption*, 1ère année, n°3 (1er février 1875), p.18.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ADORATION
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 AVARICE
    1 CLERGE PAROISSIAL
    1 DEFENSE DES DROITS DE DIEU
    1 DETACHEMENT
    1 DIVIN MAITRE
    1 ENFANCE DE JESUS-CHRIST
    1 ENNEMIS DE LA RELIGION
    1 FETE DE L'EPIPHANIE
    1 FOI
    1 FORMATION DES JEUNES AUX VERTUS
    1 GRACE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 MAGES
    1 MANQUE DE FOI
    1 MISSIONNAIRES
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 ORAISON
    1 PRATIQUE DE LA PAUVRETE
    1 PURIFICATION
    1 REGNE
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SAINTS
    1 SAINTS DESIRS
    1 SALUT DES AMES
    1 SEMINARISTES
    1 TIEDEUR
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 AVIAU, CHARLES-FRANCOIS D'
    2 PAUL, SAINT
    2 VERDET, LAURENT-REGIS
    3 VIVIERS
  • AUX ELEVES DE L'ALUMNAT D'HUMANITES DE NIMES
  • ALUMNISTES
  • Nice, 4 janvier [18]75.
  • 4 jan 1875
  • Nice
La lettre

Pour l’alumnat de Nîmes.

Je voudrais, mes bien chers enfants, que cette lettre s’adressât à vous tous et que vous y vissiez mon désir de vous rendre tous des saints. Ces lignes vous arriveront la veille de l’Epiphanie, et, comme plusieurs d’entre vous ont le désir d’être un jour des missionnaires, je voudrais surtout m’adresser à eux, non pas que ceux qui songent davantage à la vie de paroisse ne puissent prendre quelque chose de ce que j’ai à vous dire.

Vous invoquerez sous peu les Mages venus de l’Orient pour adorer l’Enfant-Jésus. Le divin Maître, dès son berceau, avait exercé sa puissante attraction sur ces hommes d’une si grande foi; et vous, mes(1) chers enfants, vous aurez plus tard à exercer votre zèle sur des gens dont la foi est presque nulle(2), l’incrédulité haineuse, si vous êtes en paroisse. Que faire en face d’une pareille perspective? Tout bonnement ce que fait Notre-Seigneur: donner votre vie, vous offrir, toutes les fois que vous communiez, comme des victimes d’amour des âmes, comme des défenseurs du règne de Dieu, des propagateurs de sa vérité, des conquérants sur ses ennemis.

Mais pour cela il faut, comme les Mages:

1° Etre prêts à quitter votre pays;

2° Offrir votre or. Je crois que vous n’en avez pas beaucoup, mais n’importe, il faut offrir le peu que vous avez par la pratique du détachement. Pendant la grande Révolution, Mgr d’Aviau(3), un saint évêque, à la canonisation duquel on travaille, devait ordonner six prêtres dans un grenier. La veille, vers minuit, ces jeunes gens eurent peur de ne pas être assez prêts; ils envoyèrent M. Vernet, mort supérieur du séminaire de Viviers, lui faire part de leurs terreurs. « Laissez-moi dormir, répondit Mgr d’Aviau, et dites-leur que, pourvu qu’ils se préservent de la gourmandise et de l’avarice, je réponds d’eux ». Vous offrirez votre or et ne serez ni gourmands, ni amis des écus(4).

3° L’encens, c’est-à-dire votre esprit de prière. Vous devriez être tous des hommes d’oraison. Je compte que vous y faites des progrès, mais, croyez-moi, si vous êtes missionnaires, il vous arrivera de ne pouvoir parler aux hommes. Malheur à vous, si vous n’avez pas la science de parler à Dieu!

4° Enfin la myrrhe, c’est-à-dire la pénitence qui par son amertume conserve les corps exposés à se corrompre. Qu’il est facile d’être disposé à suivre une foule de douceurs qui amollissent, et, comme je vous l’ai dit, avachissent le coeur! Oh! mes enfants, n’ayez jamais des coeurs de vaches! Ayez des coeurs de lions qui s’élancent sur leur proie, comme saint Paul, le type des apôtres.

Voilà mes souhaits. Je les ai différés, parce que je trouvais que l’Epiphanie est une belle fête pour vous et pleine d’enseignements, et je voulais vous les donner.

Adieu, mes enfants. Que l’Enfant-Jésus fasse de vous tous de vrais apôtres de son royaume! Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le mot *mes* n'est pas dans le ms.
2. Le ms a : dont la foi est *absente, si vous allez en mission*, l'incrédulité...
3. Charles-François d'Aviau du Bois de Sançay (1736-1826), évêque de Vienne en 1789, refusa la Constitution civile du clergé et s'exila en 1792. Revenu dans son diocèse en 1797, il s'y livra sous des déguisements divers à une intense activité pastorale clandestine. Sous le consulat, en 1802, il fut nommé archevêque de Bordeaux. Il mourut pair de France.
4. Le ms a *avares*.