DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 137

4 nov 1873 Nîmes FREYD CSSp

Demande d’explication à propos de Jules Ferret.

Informations générales
  • DR10_137
  • 4906
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 137
  • Orig.ms. Arch.Sémin.Français, Rome; Photoc. ACR, AP 259.
Informations détaillées
  • 1 CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    2 BRICHET, HENRI
    2 BRIEUGNE, TOUSSAINT
    2 DAUM, JEAN-PIERRE
    2 FERRET, JULES
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
  • AU PERE MELCHIOR FREYD
  • FREYD CSSp
  • Nîmes, 4 nov[embre 18]73.
  • 4 nov 1873
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher Père,

Permettez-moi de vous demander une explication au sujet d’un de mes religieux qui nous a quittés d’une manière assez extraordinaire, et qui a affirmé ne l’avoir fait que d’après votre conseil.

Il s’agit de Jules Ferret, qui a passé un an au Séminaire français. Je ne me plains pas du départ de ce garçon; en ce moment, ma conscience m’obligerait de faire tout pour le retenir. Je n’ai pas non plus à justifier les plaintes qu’il vous a faites sur mon compte. Je vous ferai simplement observer que sa famille a éprouvé la plus vive indignation à son égard, et que la supérieure générale de l’Assomption, qui a fourni à presque tous les frais de son éducation, même de son séjour à Rome, parce que le frère de Jules Ferret était portier de son couvent, a refusé de le voir et lui a déclaré qu’elle le considérait comme un apostat; mais que, ne sachant pas son adresse, vous lui ayez fait parvenir votre correspondance par M. Brieugne, lequel n’en peut mais; que vous lui ayez dit qu’il faisait bien de se retirer sans me prévenir et être relevé de ses voeux, c’est ce que je ne puis admettre. Je vous conjure, mon Révérend Père, de me fournir quelques explications à cet égard, sans quoi je serais forcé de détourner les jeunes gens d’aller au Séminaire français, et de porter mes plaintes à la Congrégation des Réguliers.

Je suis convaincu que Jules Ferret vous a fait un faux exposé, qu’il a traduit fort mal votre opinion mais j’ai, vous le comprenez, le besoin le plus absolu d’avoir une réponse catégorique et dont je pourrai faire usage, ne fût-ce qu’à l’archevêché de Paris(1).

Veuillez croire, mon Révérend Père, à ma bien respectueuse affection.

D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La réponse du supérieur du Séminaire français, datée du 7 novembre, est une parfaite justification. Nous en extrayons un paragraphe:
"J'ai absolument ignoré l'histoire de ce pauvre Jules, ses tentations et sa sortie, jusqu'au moment où, se trouvant encore chez vous, mais déjà séparé de votre Communauté et vivant à part, il m'écrivit une lettre très humble et très timide pour m'annoncer ce qu'il venait de faire. Je regrette de n'avoir pas conservé cette pièce, car elle serait certainement ma meilleure justification; elle m'arriva ici pendant notre souper et me fit une telle impression que les Pères Brichet et Daum furent frappés de la tristesse profonde qui se peignit sur mon extérieur, et quand ils en eurent entendu la raison, ils la partagèrent avec moi."