- DR09_425
- 4685
- DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 425
- Orig.ms. ACR, AM 59; D'A., T.D.37, n.24, pp.33-35.
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 AMITIE
1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
1 AUSTERITE
1 COLERE
1 CONVERSION SPIRITUELLE
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 DISTINCTION
1 ENERGIE
1 ENNUI SPIRITUEL
1 JOIE
1 LACHETE
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 MARIAGE
1 PARESSE
1 PERFECTION
1 TIEDEUR
1 VERTU D'OBEISSANCE
1 VERTU DE FORCE
1 VOLONTE
1 VOLONTE DE DIEU
2 CHAUDORDY, NOEMI
2 CHAUDORDY, VALENTINE
3 POITIERS, GRAND SEMINAIRE - A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
- CHAUDORDY_ANGELINA
- Paris, le 25 août 1872.
- 25 aug 1872
- Paris
Je ne puis vous dire, ma bien chère enfant, la joie que m’a causée la vue de votre écriture. Il est bien triste que votre paresse soit si forte chez vous; car avec les ressources que Dieu vous a données, vous pourriez faire un bien immense. Vous êtes dans une admirable position pour cela, et je vous promets bien que, à mon retour, je vous reprendrai en sous-oeuvre. Pour cela, il faut vous y mettre un peu plus vigoureusement. Aussi, je vous prie de réfléchir très sérieusement, d’ici à quinze jours que j’espère avoir la joie de vous voir, si réellement pendant l’hiver prochain vous voulez être un de mes bras droits pour les bonnes oeuvres. Cela vous sera d’autant plus facile que je vois Valentine se mettre, elle aussi, à travailler avec le désir de faire quelque chose pour le bon Dieu. Nous en viendrons très certainement à bout.
Pour mon compte, je sens mon coeur plus disposé que jamais à vous soutenir autant que possible, jusqu’à ce que vous soyez mariée. Je me rends parfaitement compte des impatiences, dont vous me parlez. Vous êtes dans un état de crise; vous voulez et vous ne voulez pas, vous n’y voyez pas clair devant vous. Deux sentiments se combattent votre âme: votre paresse et le mécontentement de ce qu’on ne s’est pas occupé de vous, ce qui vous fait tomber dans le découragement et la tentation de jeter le manche après la cognée. Vous fuyez, de l’impatience et de l’ennui, dans le plaisir de ne rien faire et une certaine vulgarité. Et pourtant il y a chez vous, quand vous le voulez, quelque chose de si distingué. Or cette distinction, à laquelle vous ne voulez pas croire parce qu’elle vous oblige, moi je veux vous forcer à la développer par un combat incessant que je suis très résolu à livrer à vos défauts. Je me propose de vous traiter très énergiquement, afin de vous réveiller de votre torpeur. Ce sera quelquefois dur et pénible, mais n’importe. Préparez-vous à être obligée de marcher dans une obéissance, qui est nécessaire à votre salut, et à tout ce que Dieu veut de vous.
Votre malheur, c’est que tantôt vous traitez un peu trop légèrement votre perfection -vous vous en amusez et vous ne croyez pas à la possibilité de l’acquérir-, tantôt vous dites: « A quoi bon? ». Si vous étiez une bonne fille, vous m’écririez à la réception de cette lettre, au Grand Séminaire de Poitiers, où je serai jusqu’à jeudi, pour me dire que vous voulez vous laisser prendre tout entière et vous mettre, avec tout le sérieux dont vous êtes capable, à tout ce que Notre-Seigneur va vous demander.
Croyez, ma chère fille, à une affection bien profonde de la part de votre vieux père.
E.D'ALZON.