DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 410

9 aug 1872 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Mon vieil ami Du Lac est mort – Tout un monde commence à tomber pour moi.

Informations générales
  • DR09_410
  • 4667
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 410
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 420; D'A., T.D.30, n.397, pp.217-218; QUENARD, p.222.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 FUNERAILLES
    1 JUGEMENT DERNIER
    1 MEDECIN
    1 MORT
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SANTE
    1 TOMBEAU
    1 TRISTESSE
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 ESGRIGNY, LUGLIEN de JOUENNE D'
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 GOURAUD, HENRI
    2 MONNIER, EMMANUEL
    2 MONNIER, EUGENE-THOMAS
    2 MONNIER, JULES
    2 MONNIER, MADAME JULES
    2 MORIENVAL, JEAN
    2 TOUVENERAUD, PIERRE
    2 VEUILLOT, EUGENE
    2 VEUILLOT, FAMILLE
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 ARRAS
    3 PARIS, EGLISE SAINT-THOMAS D'AQUIN
    3 PARIS, HOTEL DU BON-LAFONTAINE
    3 PICARDIE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, le 9 août [18]72.
  • 9 aug 1872
  • Paris
La lettre

Bien chère enfant,

Je vous écris le coeur bien triste: mon vieil ami du Lac est mort, pendant que j’étais à Arras. On va l’enterrer dans un moment. Comme depuis vingt ans il logeait au Bon Lafontaine et que l’on n’aime pas les tentures dans les hôtels, son corps fut porté sans bruit à Saint-Thomas d’Aquin. Je pus l’accompagner avec Veuillot; aujourd’hui, on fait la cérémonie, M. d’Esgrigny voudrait faire porter son corps en Picardie dans son tombeau de famille. Hélas! partir de là ou de là pour le jugement dernier, qu’importe à cette poussière qui a été notre corps?

Tout un monde commence à tomber pour moi. Nous étions quatre: Gouraud, d’Esgrigny, du Lac et moi(1). Du Lac disparaît. En mourant, il a blessé le pauvre Gouraud, parce que ayant été guéri par un homéopathe, il y a quelque temps, Gouraud n’est venu à son lit de mort que comme ami. Les Veuillot ont été admirables, mais enfin la dégringolade commence.

Impossible de trouver des ressources dans cette saison.

Vous ne me dites rien de votre santé, moi je ne vais pas mal. Je déjeune et pars pour Saint-Thomas.

Adieu, chère enfant.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Remettez au P. Alexis la lettre pour M. Monnier(2).1. Relire les belles pages de P. Touveneraud sur ces amitiés nouées par Emmanuel d'Alzon, quelque quarante années plus tôt, au cours de ses études à Paris (*Documentation biograph.*, I, pp.41-57). Sur Jean-Melchior Du Lac, comte de Montvert (1806-1872) voir aussi : L. VEUILLOT, *D'après nature*, pp. 448-451, dans *Oeuvres complètes, Première série*, X, Paris 1926 et E. VEUILLOT, *Louis Veuillot*, IV, pp.394-400. Dans son article de *Catholicisme*, J. Morienval appelle Du Lac "une des plus hautes figures du journalisme catholique au 19e siècle".
2. Un des deux frères Monnier, Emmanuel ou Eugène. C'étaient les fils de Jules Monnier (mort en 1856), un des premiers collaborateurs du P. d'Alzon, pilier du Tiers-Ordre de l'Assomption et ami intime d'Eugène Germer-Durand. Eugène Monnier se trouve au Vigan, où il se prépare à prendre l'habit. Ecrivant à Mme Germer-Durand, il l'appelle "ma chère maman". Madame Monnier était morte à la fin de 1868 ou au début de 1869 (v. *Lettre* 3509, n.1).