DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 382

24 jun 1872 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Votre retraite – Ce que je ne ferai pas de près, je le ferai de loin – Avec Notre-Dame de Salut, Mère M.-Gabrielle peut tenir toutes les dames de Nîmes.

Informations générales
  • DR09_382
  • 4632
  • DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 382
  • Orig.ms. ACR, AD 1613; D'A., T.D.24, n.1124, p.164.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 COLERE
    1 COMITES CATHOLIQUES
    1 CONGRES DE L'ENSEIGNEMENT LIBRE
    1 CONSERVATEURS
    1 DONS EN ARGENT
    1 INTEMPERIES
    1 MINISTRE
    1 NOTRE-DAME DE SALUT
    1 POLITIQUE
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 RECONNAISSANCE
    1 RESIDENCES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARAGNON, NUMA
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 GUIBERT, JOSEPH-HIPPOLYTE
    2 HANOTAUX, GABRIEL
    2 LARCY, ROGER DE
    2 LAWOESTINE OSCARINE DE
    2 MABILE, JEAN-PIERRE
    2 MICHEL, MARIE-ROSE
    2 MILLERET, LOUIS
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 THIERS, ADOLPHE
    3 FRANCE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME, EGLISE SAINT-LOUIS DES FRANCAIS
    3 VERSAILLES
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 24 juin [18]72.
  • 24 jun 1872
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je vous remercie des renseignements que vous voulez me donner. Je suis à peu près résolu de ne pas paraître cette année à Paris, et c’est à vous à voir si vous ne feriez pas mieux de charger un autre que moi de votre retraite(1). Si vous me voulez toujours, il faut me permettre de l’ouvrir le 25 août, afin que je puisse être à Nîmes le 10 septembre, car j’aurai bien à faire pendant la fin de ce mois.

Si vous aviez l’occasion de revenir sur les dispositions de l’archevêque ne pourriez-vous pas dire que je songe si peu à établir mon action à Paris que j’ai refusé des sommes, que l’on m’offrait pour y faire arranger un appartement plus convenable, et que je viens d’acheter de l’évêque de Nîmes un local pour m’installer? Ce fait pourra frapper d’autant plus qu’à part Nîmes ce que je ne ferai pas de près, je le ferai de loin.

Je crois que si la Mère M.-Gabrielle veut être maîtresse de toutes les dames de Nîmes, elle le peut. L’oeuvre de Notre-Dame de Salut est composée d’une ou deux dames de toutes les petites sociétés de Nîmes, de sorte qu’elle peut tenir tout le monde dans sa main. Que je vous félicite du départ de Mme de L.; seulement prenez garde que dans sa fureur elle ne parle un peu trop.

Numa Baragnon a vu deux ou trois fois le ministre pour la trésorerie(2). Réussira-t-il? Voilà l’abbé de Cab[rières] ajourné aux calendes grecques, avec la démission de M. de Larcy(3). Je n’ai pas le temps d’écrire à Soeur M.-Rose, les chaleurs m’épuisent et les visites ne discontinuent pas.

Adieu, ma fille. Mille fois vôtre.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Ce que Mère Marie-Eugénie avait rapporté au P. d'Alzon dans sa lettre du 22 juin était en effet de nature à le faire renoncer à son voyage à Paris et à la participation au congrès de l'enseignement. "J'ai su très sûrement, écrivait-elle, que l'archevêque avait été très fâché de vos lettres dans l'affaire de l'évêque de Versailles, vous avait fort critiqué à ce sujet. Puis, mettant ensemble le Comité catholique, le Comité central des bonnes oeuvres et ce que vous lui aviez dit de N.D. de Salut et du Congrès d'enseignement, il a cru et dit que vous vouliez créer une direction de toutes les oeuvres de France et vous mettre à la tête dans son diocèse." Mais, le 28 juin, toujours de bon conseil, Mère M.-Eugénie rassurera le P. d'Alzon : "Sauf dans ce qui regarde les lettres à l'Univers qui étaient bien de vous [...] les autres appréciations que je vous ai transmises reposent sur de faux rapports. [...] De plus, si les vôtres sont devenus un centre, et que ce fait vexe certaines gens, ne vaut-il pas mieux que l'on s'en prenne à vous, qui disparaissez quand vous voulez, qu'au P. Picard ou au P. V. de P. qui restent à Paris ? Ne manquerait-on pas de dire aussi que vous boudez et vous retirez parce que la chose ne s'est pas constituée d'une manière exclusive et n'est pas pour vous seul. Comme en fait vous ne cherchez que le bien général et le salut des âmes par l'éducation faite dans l'esprit de l'Eglise, il vaut mieux que vous le montriez."
2. Pour M. de Brou, frère de Mère Marie-Eugénie (v. *Lettre* 4608).
3. Il était question pour M. de Cabrières soit d'un évêché, soit du rectorat de Saint-Louis à Rome. M. de Larcy ne sera plus là pour s'occuper de l'affaire au ministère. En effet le ministre des travaux publics, qui représentait le parti légitimiste dans le cabinet d'Adolphe Thiers, venait de démissionner (21 juin). Il ne voulait pas se désolidariser de la droite, qui venait d'exprimer son désaccord avec le président de la République "sur les véritables conditions de la république conservatrice" (HANOTAUX, Hist. de la France contemp., I, pp.473-474).