- DR09_189
- 4420
- DERAEDT, Lettres, vol.9 , p. 189
- Orig.ms. ACR, AJ 230; D'A., T.D.32, n.230, pp.206-207.
- 1 ASSOMPTIONNISTES
1 CONTRARIETES
1 CRITIQUES
1 EMBARRAS FINANCIERS
1 HABIT RELIGIEUX
1 HONORAIRES DE MESSES
1 MANQUEMENTS A LA REGLE
1 MISSION DE BULGARIE
1 OBLATES
1 TENUE RELIGIEUSE
1 VETEMENT
2 BAILLY, EMMANUEL
2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
2 MALASSIGNE, ATHANASE
2 PICARD, FRANCOIS
3 FRANCE
3 MAYENCE
3 ORIENT
3 PHILIPPOPOLI
3 ROME - AU PERE VICTORIN GALABERT
- GALABERT Victorin aa
- [Nîmes, début de novembre 1871](1).
- 1 nov 1871
- Nîmes
- *Le P. Galabert*.
Cher ami,
Sans m’être entendu avec la supérieure des Oblates, nous avons eu la même idée. Il est absurde de proposer des manteaux. Si elles ont froid à la tête, qu’elles mettent des bonnets de flanelle sous leur voile; si elles ont froid toute la journée, qu’elles mettent tant de tuniques qu’elles voudront sous leurs robes; si elles ont froid pour un moment, qu’elles mettent leurs châles d’une aussi forte épaisseur qu’il leur plaira. Je crois devoir défendre les manteaux, ce qui n’empêche pas de prendre des précautions(2). Je ne vous dissimulerai pas que j’apprends de divers côtés(3) qu’il y a une foule de modifications insensibles qui se font chez les religieux, de Philippopoli surtout. Vous êtes bonasse, mais cela ne donne pas le respect. Croyez que j’en parle d’après de très sûrs renseignements et qui ne vous sont pas malveillants. Seulement on trouve que vous ne faites pas assez respecter la tenue, on va même jusqu’à dire que vous ne prêchez pas d’exemple(4).
Adieu. Je n’ai qu’une minute.
E.D'ALZON.2. "Je ne tenais nullement au manteau, répondit Galabert. Seulement le châle actuel est trop léger pour l'hiver ici [...]. Nous allons maintenant chercher la combinaison la plus économique et en même temps la meilleure pour garantir les Soeurs du froid, tout en conservant la forme actuelle des châles" (16 novembre).
3. Le bon P. Galabert dut se demander quels pouvaient bien être ces "divers côtés" dont parlait le P. d'Alzon. Il nous reste au moins une lettre, datée du 31 août, où le P. Athanase déplore, exemples à l'appui, la trop grande bonté du P. Galabert et son incapacité "à corriger les abus et à maintenir la règle."
4. Quel que soit leur bien-fondé, ces reproches tombaient sur un P. Galabert dont la détresse, depuis sa rentrée en Orient à la fin d'août 1870, fait vraiment pitié.
Détresse financière : Rome est aux mains des Piémontais, la France est en guerre puis en révolution et les subsides n'arrivent plus alors que le P. d'Alzon, qui connaît lui aussi une des périodes les plus sombres de sa vie sur le plan des finances, ne peut lui être d'aucun secours.
Sentiment d'abandon : on l'oublie, on ne lui écrit pas... Une exception cependant et il la souligne : Vincent de Paul, qui de sa captivité à Mayence a réussi à lui faire parvenir des lettres et même des honoraires de messe. Ajoutons tout de suite que les religieux de France surent réparer leur trop long silence par de bonnes et longues lettres, comme celle dont le P. Galabert remercie avec effusion le P. Picard, le 23 novembre 1871, car "elle lui a fait du bien au coeur", ou celle d'Emmanuel Bailly qui, le 20 novembre, lui a donné une belle vue d'ensemble des oeuvres de l'Assomption.
Contrariétés aussi lui venant des Soeurs : certes il ne manque jamais de souligner - parfois même avec admiration - leur dévouement, leur bonne volonté, leur piété mais il écrit aussi : "je n'aurais jamais cru trouver tant de difficultés avec les femmes" et il déplore la mesquinerie avec laquelle la supérieure de la mission a abordé la question de la séparation des deux administrations. "L'on aurait dit que nous allions constituer deux maisons non seulement distinctes mais séparées, avec des intérêts différents et presque ennemis" (2 novembre).
Enfin un sentiment d'impuissance et même d'inutilité : "Ma plus grande peine c'est l'impuissance absolue où je suis de rien faire, faute des moyens nécessaires pour établir, fonder quelque chose et faire un peu de bien autour de soi" (à Picard, 23 novembre). Au P. d'Alzon il avait écrit le 3 août : "...si notre oeuvre dans ce pays-ci doit éternellement se borner à faire l'école à une dizaine au plus d'enfants qui profitent plus ou moins de nos leçons, il ne valait pas certainement la peine de quitter la France."