DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 507

21 sep 1870 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Politique – Pierre Baragnon – Les élections pour la Constituante – Nous aurons bien des choses à examiner ensemble – Angoisses pour Paris.

Informations générales
  • DR08_507
  • 4183
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 507
  • Orig.ms. ACR, AD 1573; D'A., T.D.24, n.1080, pp.128-129.
Informations détaillées
  • 1 ANGOISSE
    1 ARMEE
    1 ELECTION
    1 EPREUVES
    1 FONCTIONNAIRES
    1 GOUVERNEMENT
    1 GUERRE
    1 MARIAGE
    1 MAUX PRESENTS
    1 POLITIQUE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    2 BARAGNON, MADAME AMEDEE
    2 BARAGNON, PIERRE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 DEMIANS, AUGUSTE
    2 LAGET, JACQUES-LOUIS
    2 NAPOLEON III
    2 PATY, MARIE-CAROLINE DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIEYRE, ADOLPHE
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    3 ALGERIE
    3 ALPES MARITIMES
    3 BORDEAUX
    3 FRANCE
    3 LYON
    3 MIDI
    3 MONTAGNAC
    3 NICE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 SUD-EST
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 21 septembre 1870.
  • 21 sep 1870
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Nous sommes en effet, dans des temps funestes. L’avant-dernière nuit on a proposé, de Lyon à Nîmes, de former une Convention. J’apprends que le Conseil municipal d’ici a été convoqué hier soir, à 10 heures. Toutefois ici, pour le moment, nous ne risquons rien(1). Qu’en sera-t-il à Lyon? Je ne puis le dire. Les précautions que vous indiquez pour vos filles de B[ordeau]x sont excellentes(2); ici elles ne sont pas encore nécessaires.

Je regrette bien que Soeur M.-Caroline ait cru devoir se recommander à Pierre Baragnon(3). C’avait été la marotte de l’abbé de Cabrières, je m’y étais opposé pour cause. Il paraît qu’il a écrit, et moi qui lorsque sa mère est venue prendre mes commissions pour son fils, lui ai fait dire de vagues compliments! J’avoue regretter que ce bon abbé se soit mêlé de ce qui ne le regarde pas. Les Niçois détesteront toujours les gens qu’ils verront s’appuyer sur des gens comme Pierre, qui est peut-être là pour un mois, mettez-en six; il fera toujours tôt ou tard voir fort mal ses amis ou ses protégés.

Je me mêle très peu au mouvement, je trouve les élections pour la Constituante un mal incalculable. Si vous veniez ici au commencement de la semaine prochaine ou à la fin du mois, bien sûr, vous me trouveriez ayant du temps à vous donner. Et que de choses arrivent que l’on a besoin d’examiner ensemble! Dieu a permis que mon neveu ne se mariât pas pour se donner tout à la guerre. Il est à Paris, à la tête des mobiles de Montagnac. Quant à Paris, j’ai d’autant plus d’angoisses que comme le P. Picard je crois à la nécessité d’un bombardement. Ah! qu’il faut se sanctifier en face des épreuves qui nous arrivent!

On me dérange. A bientôt.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Une *Fédération du Midi* comprenant quinze départements du Midi et l'Algérie répandait l'agitation dans le sud-est de la France. On parlait de "République du Midi" et on voulait des élections pour une Constituante. Il y eut à Nîmes, organisée par cette fédération, une réunion tumultueuse le 24 septembre et l'agitation se poursuivit pendant un certain temps. Mais l'administrateur du département et le maire surent la contenir (PIEYRE, *Histoire de la ville de Nîmes*, t.3, pp.69-89).
2. "Il pourra y avoir un mauvais moment à passer et la prudence veut que l'on prenne des précautions pour des filles jeunes, surtout dans le cas où la maison serait envahie par une foule en désordre [...]. Beaucoup de communautés se dispersent. Je répugne à cette mesure prise d'avance. Mais avoir des habits séculiers et pouvoir envoyer pour un jour ou une nuit les jeunes soeurs dans des maisons sûres, n'est-ce pas sage et suffisant ?" (18 septembre).
3. Pierre Baragnon avait fondé le *Centre gauche* et demandé la déchéance de Napoléon III après les premières défaites. Son journal avait été suspendu le 12 août. Le gouvernement du 4 septembre l'avait nommé préfet des Alpes-Maritimes (Dict. Biogr. Fr.).