- DR08_304
- 3977
- DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 304
- Orig.ms. ACR, AE 347; D'A., T.D.25, n.347, pp.295-296.
- 1 AUTORITE PAPALE
1 CAUSE DE L'EGLISE
1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
1 CONCILE DU VATICAN
1 CONCORDATS
1 CONFESSEUR
1 CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS
1 CONGREGATIONS A SUPERIEURE GENERALE
1 EVEQUE
1 EXEMPTION
1 GALLICANISME
1 INSTITUTS RELIGIEUX
1 JURIDICTION EPISCOPALE
1 LIBERTE
1 NONCE
1 PAPE
1 PERSECUTIONS
1 PUBLICATIONS
1 REVOLUTION ADVERSAIRE
1 SAINT-SIEGE
1 SEPARATION DE L'EGLISE ET DE L'ETAT
1 ULTRAMONTANISME
1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
2 DUPANLOUP, FELIX
2 KELLER, EMILE
2 PIE IX
3 FRANCE
3 ORLEANS - AU PERE FRANCOIS PICARD
- PICARD François aa
- Rome, 4 avril [18]70.
- 4 apr 1870
- Rome
Les affaires vont en apparence lentement. Après très mûre réflexion, il faut finir par avouer qu’elles vont très vite, et beaucoup plus vite qu’on n’eût osé l’espérer. Les oppositions de quelques-uns les propositions étranges, pour ne rien dire de plus, que le concile a eu la patience d’entendre portent leur fruit. On sait ce que l’on n’avait pas voulu croire on sait jusqu’où va le gallicanisme des plus modérés. Les Romains sont ébahis, les écailles leur tombent des yeux. Quelle reconnaissance ne devons-nous pas à cette permission providentielle de Dieu, qui a laissé publier les Observations de Mgr d’Orléans! Et qu’étaient ignorants de l’état des esprits ceux qui voulaient que les choses allassent vite! Si je ne craignais de passer pour exagéré, je proposerais que le concile durât jusqu’à la fin du siècle, trente ans ni plus ni moins. Et la raison en est bien simple, c’est que nous sommes dans un état de transition. Les conséquences de la révolution universelle sont à peine aperçues, mais elles seront immenses pour l’Eglise.
Prenons un exemple. Il est sûr que les Ordres religieux et toutes les Congrégations religieuses sont à très peu d’exception près, les vrais défenseurs des droits du Saint-Siège. Que le Pape soit contraint d’accepter des choix épiscopaux, comme en a vu dans les pays à concordats depuis quelques années que deviendront les idées romaines? Il importe au plus haut degré que le Saint-Siège ait ses moyens de lutter contre le courant opposé a son action. Quel moyen plus puissant que l’exemption? Du moment que l’Eglise est séparée de l’Etat, qui peut s’opposer à ce que le Pape réclame le droit d’administrer par lui-même certains fragments de diocèses? Cela ne trouble en rien l’ordre public. On ne demande pas un sou au gouvernement, on ne lui demande que la permission de vivre d’une certaine façon chrétienne. Quel droit a-t-il de s’y opposer? Or, si le Pape accorde l’exemption plus ou moins complète, il renverse du coup, étant donnée la liberté des cultes, tous les projets gallicans. Et ceci est très grave. Aussi, ne faisons-nous qu’émettre de simples idées. Toutefois, on croit savoir que Pie IX, ayant appris qu’un évêque de France persécutait depuis quelques années une communauté religieuse, après les avertissements préalables dont l’évêque n’avait tenu aucun compte, s’était décidé à enlever la juridiction à cet évêque sur cette communauté, et avait chargé la Congrégation des évêques et réguliers d’approuver les confesseurs en dehors de l’évêque. Il est évident que la séparation de l’Eglise et de l’Etat aura cela de très bon que le Pape sera bien plus à l’aise pour établir les exemptions provisoires ou permanentes: provisoires, quand il s’agira d’un évêque qui pèse trop sur telle ou telle communauté; permanentes, quand le Souverain Pontife voudra veiller au maintien des saines doctrines, dans une université libre par exemple.
Cette note est importante. Montrez-la à du Lac, pour qu’il vous dise s’il est opportun de la porter à Keller. Evidemment, il y aura des tempêtes, mais c’est moi qui ai porté les mémoires relatifs à la communauté que Pie IX vient de soustraire en France à la juridiction de son évêque. Pour les Congrégations à supérieure générale, on les soumettrait à la juridiction du nonce.