DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 342

8 jul 1869 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les procédés de M. Le Rebours – J’aime autant ma liberté – Sr Marie-Claire – Jean n’est pas entièrement perdu – Six heures d’examens par jour – Je voudrais savoir les idées de Mgr Manning sur le concile.

Informations générales
  • DR07_342
  • 3627
  • DERAEDT, Lettres, vol.7 , p. 342
  • Orig.ms. ACR, AD 251; D'A., T.D. 24, n. 1018, pp. 53-54.
Informations détaillées
  • 1 CONCILE DU VATICAN
    1 EXAMEN DES JEUNES PRETRES
    1 HERITAGES
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 INTEMPERIES
    1 SUCCESSIONS
    2 BELIME, MARIE-CLAIRE
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 JEAN, CUISINIER
    2 LE REBOURS, PIERRE
    2 MAC NAMARA, MARIE-MARGUERITE
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 MARCHAL, LEON
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE, LOUIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 ANGLETERRE
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 POITIERS
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 8 juillet 1869.
  • 8 jul 1869
  • Nîmes
La lettre

Voici deux lettres, ma chère fille. Je voudrais que celle pour Soeur M.-Marguerite partit par la première occasion. Je tiens à cultiver l’Angleterre. Si vous voyez M. Gay, dites-lui que les procédés de M. Le Rebours font le pire des effets dans nos pays. Il ne se figure pas, le saint homme, ce qu’il attire sur lui de tristes impressions. Dieu nous préserve de faire le bien à la façon de certaines gens!

L’évêque de Poitiers(1) poursuit son système, il agit à part. Peut-être a-t-il raison, et je suis assez tenté de l’imiter. A ce point de vue, si M. Gay ne voit pas de très grands avantages à ce que je sois consulteur, supposé que je puisse l’être, j’aime autant ma liberté. Un consulteur est tenu au secret. Il me paraît qu’il faut ici pouvoir parler. Qu’en dites-vous? Examinez, je vous prie, cette question avec M. Gay. Je profite des examens pour parler latin à force, et je pense que, toutes les fois que j’y penserai, je parlerai latin ou j’écrirai latin à mes religieux.

J’apprends avec bonheur que Soeur Marie-Claire va beaucoup mieux. Il paraît que Jean n’est pas entièrement perdu(2). Une fois qu’il faut accepter que le P. Hippolyte a voulu le garder au Vigan, je vois avec bonheur qu’il ne s’est pas trop compromis.

Adieu, ma chère fille. J’ai cette semaine six heures d’examens par jour(3); il y a de quoi se briser un peu la tête. Je voudrais bien savoir les idées de Mgr Manning sur le concile. S’il a publié quelque chose, faites-le moi donc connaître(4).

Mille fois à vous, avec [un coeur] un peu bien tendre, mais une tête un peu fatiguée par les chaleurs.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mgr Pie, dont Mgr Gay est le vicaire général.
2. C'est l'avant-dernière mention de Jean dans les lettres conservées du P. d'Alzon. Elle fait écho à une information du P. Hippolyte qui croit avoir retrouvé la trace du disparu. Plusieurs lettres du P. Hippolyte de juin et juillet 1869 nous donnent quelques détails sur l'enquête qu'il mène en vain. Sa dernière mention de Jean se trouve dans une lettre au P. Picard du 21 juillet et elle ne manque pas d'humour: "Depuis le départ de Jean pour la rue François Ier nous n'avons plus eu signe de vie du personnage. Ne gardez pas tout pour vous!" On se souvient en effet que Jean, parti du Vigan pour la rue François Ier, n'y avait jamais mis les pieds.
3. Ces examens sont les examens de jeunes prêtres (v. *Lettre* 3632).
4. En 1867 Mgr Manning avait publié une lettre pastorale dont la traduction française *Le centenaire de saint Pierre et le concile général* parut en 1869. Il y démontrait l'infaillibilité par les preuves classiques. Dans une deuxième lettre, parue en traduction française en 1870, *Le concile oecuménique et l'infaillibilité du Pontife romain*, il s'attache à montrer l'opportunité de la définition et à exposer les faits sur lesquels s'appuie la croyance de l'Eglise (L. MARCHAL, art. *Manning*, dans D.T.C.).
De son côté Mgr Plantier, "l'une des plumes les plus éloquentes et les plus goûtées de l'épiscopat français" selon l'expression de la *Revue Catholique* de Louvain (nouv. série, t.II, 1869, p.218), avait publié le 26 mars une "Instruction pastorale sur les conciles généraux" qui fut très remarquée. La *Semaine religieuse de Nîmes* du 22 août reproduit en traduction la longue et élogieuse appréciation de la *Civiltà cattolica* (Serie VII, vol.VII, fasc.465, pp.210-215).