DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 65

22 may 1866 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Une affaire de vin. – Suis-je homme à goûter du vin blanc? – La queue du chien de M. de Saint-Coux. – Une presse scolaire florissante au collège. – Retenues. – Le Fr. Alexandre est arrivé pour l’ordination.

Informations générales
  • DR06_065
  • 2797
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 65
  • Orig.ms. ACR, AG 158; D'A., T.D. 27, n. 158, pp. 120-121.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 DEPENSES
    1 JOURNAUX SCOLAIRES
    1 ORDINATIONS
    1 PUNITION DES ELEVES
    1 VIN
    1 VIN DE MESSE
    2 ALLEMAND, LOUIS
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAINT-COUX, PAUL DE
    2 VAILHE, SIMEON
    2 VARIN D'AINVELLE, AMEDEE
    3 LAVAGNAC
    3 MONTMAU
    3 NIMES
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, 22 mai [18]66.
  • 22 may 1866
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

La faim fait sortir le loup du bois. Je n’ai pas faim, mais la maison a soif. Il est vrai que Lucien a acheté du vin rouge, que j’aurais pu faire prendre à Montmau à moitié prix; ce qui fait 1000 à 1200 francs de jetés dans l’eau – non pas le vin, mais l’argent – sans compter bien d’autres choses. Car le vin ne vous aurait rien coûté, et il vous coûtera deux ou trois mille francs. Faites venir, ou plutôt envoyez de Montmau du vin pour la messe. Voilà un singulier commencement de lettre, quand je vous dois deux réponses. Aussi pourquoi Lucien est-il entré comme un ouragan dans mon cabinet, m’apportant du vin blanc à goûter? Je vous demande un peu si je suis homme à goûter du vin blanc.

Enfin, comment vous portez-vous? Je vous dirai dans le plus grand secret qu’hier, pour poser la première pierre d’un canal dont le but vous sera expliqué à votre retour, l’on a découvert les os de la queue de Fido(1), mais on s’est bien gardé de le dire à M. de Saint-Coux. N’allez pas trahir le secret. Depuis votre départ(2) les journaux fonctionnent avec succès, c’est-à-dire: la Liberté qui ne bat que d’une aile; Petitpoucet qui a été pendu, oraison-funébré, enterré, ressuscité; la Macédoine, la Mouche, le Mollusque et l’idéal Platon, dont on a fait un seul numéro pour le faire saisir par M. Allemand(3). Michel paraît décidément converti. Le P. Athanase a donné trois retenues irrachetables à Varin, qui ne les méritait pas, dit-on. Nous arrangerons tout cela. Sur ce, je vous embrasse.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Quant aux questions financières, pressez la vente du vin. On vous donnera dessus ce que l'on pourra. Votre frère va bien, [le] Fr. Alexandre est arrivé pour l'ordination.1. Le P. d'Alzon racontera sur le mode badin, dans le numéro du 1er décembre 1876 de la revue *L'Assomption*, l'histoire des funérailles de Fido (t. II, n° 47, p. 186).
2. Le P. d'Alzon l'a envoyé se reposer à Lavagnac. Le P. Bailly y a vu comme une conjuration: "...il y a à ce moment à Nîmes deux courants, un qui me veut, un qui ne me veut pas... ce courant existe aussi dans mon intérieur... Bien des petites choses vont être traitées sans qu'on attende mon retour..." (Au P. Picard, le 19 mai).
3. L'activité journalistique des élèves est intense au collège de Nîmes en ce mois de mai 1866. Au début du mois, comme nous l'apprend une note du P. Bailly (Cop. dactyl. des Ecrits du P. Bailly, t. 23, pp. 99-100), "la liberté de la Presse des collégiens a été décrétée". De cette liberté le P. Bailly n'augure rien de bon. D'autres, comme son frère et le Fr. Alexis Dumazer, ainsi que le P. d'Alzon lui-même, sont franchement partisans de l'expérience. Les ACR ont conservé tout un dossier de journaux d'élèves du collège de Nîmes. A un numéro de *La Macédoine* se trouve jointe la note suivante, signée du P. d'Alzon et portant la date du 23 mai 1866: "Nous Supérieur de l'Assomption, sur la demande qui nous en a été faite, autorisons les rédacteurs de la Macédoine à changer le titre de leur journal et de l'intituler *L'Assomption*." Neuf numéros de ce "Journal de la Maison de l'Assomption" parurent en mai et juin 1866 (DQ 357-365).
Dans ses numéros 2, 3 et 4 des 7, 14 et 21 juin, ce journal publia une *Histoire de l'Assomption depuis sa fondation* signée NIVAR. Le P. Vailhé éditant ce texte (VAILHE, *Lettres*, II, pp.494-499) écrit que l'auteur doit être le P. d'Alzon. Mais Nivar est l'anagramme transparente de Varin et désigne Amédée Varin d'Ainvelle qui fut élève de l'Assomption de 1862 à 1869 et terminait alors sa troisième. Une lettre du 2 juin du P. E. Bailly au P. d'Alzon ne laisse aucun doute sur ce point: "...j'ai tenu à faire l'*Assomption*, elle a été lancée jeudi dernier [31 mai]...nous nous servirons en attendant votre retour [il quitta le Vigan pour Nîmes le 8 juin] des premiers documents que vous avez donnés à Varin, en nous aidant des souvenirs de M. Durand." Le P. d'Alzon a donc fourni des documents mais il a laissé à d'autres le soin de la rédaction.