- DR06_030
- 2753
- DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 30
- Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 403; D'A., T.D. 29, n. 55, p. 62.
- 1 CAREME
2 CORRENSON, AUGUSTINE
2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
3 NIMES
3 PARIS - A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
- CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
- Paris, 18 février 1866.
- 18 feb 1866
- Paris
Nos lettres se sont croisées, ma bien chère enfant, et vous avez pu voir que je suis un peu fatigué, sans compter que je suis à courir pour utiliser mon séjour à Paris. Non, chère petite, vous ne m’avez fait aucune peine; bien au contraire, vous m’avez causé une grande joie, car je constate que vous résistez aux occasions, ce qui est une très importante chose. Je regrette bien que vous ne sachiez pas parfaitement l’anglais. Vous m’auriez fait de très utiles traductions pour un travail que je voudrais faire, si ma santé me le permet. J’ai une foule de services à vous demander, mais ce sera pour mon retour.
J’espère que l’indisposition de Madame votre mère ne sera rien. Non, vous n’êtes pas la cause de l’irritation de ses nerfs; c’est plutôt l’irritation de ses nerfs – qui date de loin – qui est cause de quelques-uns de ses procédés envers vous. Ainsi ne vous faites pas des monstres. Je voudrais être auprès de vous, mon enfant, pour vous aider à porter le poids de vos préoccupations. Je suis tout triste, je vous assure, d’être obligé de rester à 200 lieues de Nîmes, quand vous souffrez.
Je vais vous dire toute ma pensée sur Augustine. Je ne crois pas qu’elle puisse jamais entrer au Carmel. Je préfère la laisser se donner à elle-même une preuve de cette impossibilité, et c’est pour cela que je ne pense pas devoir la détourner de faire un carême qui l’épuisera un peu, mais qui lui prouvera que le Carmel n’est pas fait pour elle. Vous savez que ce que la jeune personne a dans la tête, elle ne l’a pas au talon. Il lui faut donc une conviction formée sur sa propre expérience, et c’est ce que je ne veux point empêcher. J’exige que vous me teniez au courant de la santé de Madame votre mère.
Adieu, ma bien chère fille. Croyez que je ne me sens jamais plus votre père que lorsque votre coeur est dans l’angoisse. Je voudrais prendre sur moi toutes vos peines et vos appréhensions.
Tout vôtre, ma fille, avec la plus profonde tendresse en Notre-Seigneur.
E.D'ALZON.