- DR05_339
- 2548
- DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 339
- Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 402; D'A., T.D. 29, n. 36, pp. 40-41; QUENARD, pp. 29-31.
- 1 ANGLAIS
1 EDIFICE DU CULTE
1 ERMITES
1 FAMILLE
1 MEDISANCE
1 MISSION D'ANGLETERRE
1 OBLATES
1 PAIX DE L'AME
1 PELERINAGES
1 PRISE DE VOILE
1 TRANSPORTS
1 VOLONTE
1 VOYAGES
2 CABRIERES, ANATOLE DE
2 COMBIE, JULIETTE
2 CORRENSON, AUGUSTINE
2 CORRENSON, CHARLES-LOUIS
2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
2 CRISENOY, MARIA DE
2 HUGUES, MARIE DES ANGES
2 PLEINDOUX, AUGUSTIN
3 AMERIQUE DU NORD
3 AMERIQUE DU SUD
3 ANGLETERRE
3 AUSTRALIE
3 BONHEUR, RIVIERE
3 BRAMABIAU
3 CAMPRIEU
3 CAP MAGELLAN
3 DETROIT DE BEHRING
3 ECOSSE
3 EDIMBOURG
3 ESPEROU, L'
3 IRLANDE
3 KENSINGTON
3 NIMES
3 PATAGONIE
3 VIGAN, LE - A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
- CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
- Le Vigan, 8 juin 1865.
- 8 jun 1865
- Le Vigan
Ma chère enfant,
Je ne vous ai pas répondu plus tôt, parce que vous ne me donniez pas votre adresse et parce que vous ne me disiez pas si vous resteriez encore longtemps dans l’heureux pays du spleen. Enfin, vous allez nous revenir, mais pas si tôt que cette lettre n’ait encore le temps de vous arriver. Je calcule que si la mer n’est pas trop houleuse, ces quelques lignes vous parviendront dimanche matin, où vous irez probablement entendre la messe à l’Assomption de Kensington. C’est par Soeur M. des Anges que je sais ces détails sur vos faits et gestes; elle m’a pris par mon faible. Je ne dis pas que vous puissiez, du soir au lendemain, reconquérir votre influence. Je suis convaincu que vous le pourriez si vous le vouliez. Mais voyez quel joueur d’échecs je suis! Vous pouvez prendre beaucoup d’influence sur votre père; celle sur votre mère diminuera d’autant et se rejettera sur votre grand-père. Ce sera le même résultat, car, à vous dire vrai, il me paraîtrait difficile que vous puissiez agir simultanément sur M. Correnson et sur M. P[leindoux], à moins d’un triomphe de diplomatie qu’il serait peut-être inutile de tenter(1). Or, pour votre paix, il me semble que vous adresser au plus près est bien plus dans l’ordre. Quant à vos jugements téméraires, nous en causerons. Ah! petite jugeuse!
Les Oblates vont bien. Il y aura prise d’habit le 14 août, au soir. Le 4 au soir, on aura une caravane partant au coucher du soleil pour l’Espérou. On ira voir le lever du soleil, on aura frais ou froid; on posera la première pierre de l’église, le 5 au matin, on dira la messe sur une charrette, on déjeunera; s’il y a lieu, on ira voir Bramabiau(2); de là, on s’acheminera vers le Vigan par la nouvelle route, si c’est possible. On ira à âne ou en voiture, au choix. Les personnes sensibles et délicates iront en voiture, les autres sur l’humble barde. Le sommeil sera supprimé pour vingt-quatre heures. La lune nous favorisera de ses pâles rayons. Ce sera pour moi, je vous l’assure, une vraie joie que de dire la messe dans un pays, où elle n’a pas été célébrée depuis quatre cents ans environ. C’est là que je veux me faire ermite, trois mois par an, j’ai retenu Mlle Combié pour ma gouvernante.
Quand revenez-vous de votre Angleterre? Le temps me paraît un peu long. Cependant, profitez de l’occasion pour prendre cette puissante éducation par les yeux, étudiez tout ce qu’on vous fera observer, marchez à l’anglaise.
A l’instant même, je reçois votre lettre. Eh bien! si vous allez à Edimbourg, vous serez en Ecosse. Vous verrez peut-être l’Irlande. Je vois bien que vous allez passer le détroit de Behring et, de là, qui sait?, traverser l’Amérique du Nord au Sud, et après avoir doublé le cap de Magellan, faire une petite visite à l’Australie. En passant, ne vous arrêtez pas trop chez les Patagons.
Adieu, ma fille. Ah! que je prie pour vous! Les glaces fondent, en effet, par un beau soleil de printemps. Si c’était à Nîmes, ce serait plus rapide encore. L’abbé de Cabrières m’écrit qu’on y grille. Mille souvenirs à votre soeur et bien tout vôtre en N.-S.
E.D'ALZON.2. Grotte située près de Camprieu (arrondissement du Vigan). Elle est parcourue par le ruisseau de Bonheur qui s'en échappe par une sortie monumentale et prend le nom de Bramabiau. Le torrent est ici personnifié. Un article de l'*Assomption* parle des "anxiétés terribles de Bramabiau" (I, p. 122, 15 juillet 1875).