DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 233

L’évêque de Nîmes m’écrit, ma chère fille, que le Pape est entré dans l’idée [de] proposer M. Galeran au card[inal] Wiseman(1). Que dites-vous de la lettre Baroche(2)? C’est un pas de plus. Prions, prions. Hélas! Tous seront-ils fidèles au temps de l’épreuve?

J’ai reçu votre petit billet. Je pars après-demain pour Nîmes. Je comptais conduire vos filles de Malaga à Marseille, vers le 16 ou 17, mais il fait si affreux que je ne sais si c’est bien prudent. Décidez donc vous-même pour le 17, le 23 ou le 29.

Mille fois vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.

1. "J'ai causé de l'abbé Galeran avec le Saint-Père, cher vicaire général, a écrit Mgr Plantier le 24 décembre. La combinaison que vous proposez sourit au Pape, il m'a promis avec une bonne grâce parfaite d'en parler au Préfet de la Propagande de qui relèvent tous les diocèses d'Angleterre: c'est lui qui devra écrire au card. Wiseman. Moi-même je parlerai au card. Barnabo de cette affaire qui, je l'espère, se terminera bien. Les Dames de l'Assomption ne seront point oubliées." - L'ultramontanisme quelque peu tapageur de l'abbé Galeran lui avait attiré ennui sur ennui avec son évêque, Mgr Lecourtier, de Montpellier et les recours de l'abbé à Rome embarrassaient Pie IX, peu désireux d'envenimer encore ses relations avec le gouvernement impérial. Aussi l'idée du P. d'Alzon d'employer le zèle de l'abbé Galeran loin de Montpellier, en en faisant l'aumônier des R.A. de Londres, sourit-elle au pape qui promit de la recommander au cardinal Wiseman.
2. Le 1er janvier, le ministre de la Justice et des Cultes avait adressé aux évêques une circulaire les informant que le gouvernement se proposait d'autoriser la publication de la fin de l'encyclique *Quanta Cura* qui accordait un jubilé pour 1865, mais ne pouvait permettre la publication de la partie dogmatique de l'encyclique ni celle du *Syllabus*, qui contenaient "des propositions contraires aux principes sur lesquels repose la constitution de l'Empire" (v. MAURAIN, p. 709).
3. Mère Marie-Eugénie a répondu le 6 janvier à la lettre du P. d'Alzon du 2 janvier en même temps qu'à ce billet, qu'elle vient de recevoir. Le billet date donc au plus tard du 5 janvier et le retour du P. d'Alzon à Nîmes eut lieu vers le 7. Il put donc présider le 8, une réunion des Enfants de Marie du Prieuré, comme nous l'apprend le procès-verbal de la secrétaire, Jeanne Paul [date corrigée et note ajoutée le 8 octobre 1998].