- DR05_039
- 2183
- DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 39
- Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 401; D'A., T.D. 29, n. 15, pp. 16-17; QUENARD, pp. 14-15.
- 1 AMOUR DU CHRIST
1 ASCESE
1 AVARICE
1 DEFAUTS
1 DON DE SOI A DIEU
1 EMPLOI DU TEMPS
1 FERMAGE
1 GLOIRE DE DIEU
1 LATIN LITURGIQUE
1 LOISIRS
1 LUTTE CONTRE LE PECHE
1 MAITRESSES
1 NOTRE-SEIGNEUR
1 PENITENCES
1 TRAVAIL DE L'ETUDE
1 VIE DE PRIERE
1 VIN
2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
2 BOUDET, EMMANUEL
2 CORRENSON, AUGUSTINE
2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
3 MONTMAU - A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
- CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
- Lavagnac, 6 avril [18]64.
- 6 apr 1864
- Lavagnac
Nos lettres se sont croisées, mon enfant, et je n’en suis pas fâché. J’aurais eu un peu de peine à ce que vous ne fissiez que me répondre. Je vous attendais depuis quelques jours. Vous vous êtes donc, vous aussi, toute donnée à Dieu. Si vous prenez la généreuse résolution de beaucoup prier et de beaucoup lutter, j’espère que Notre-Seigneur fera de vous quelque chose de très bon. Dans la lutte, je comprends le combat contre vos défauts, la pénitence et le travail, ou, si vous aimez mieux, l’étude. Une fille qui se donne ne s’appartient plus; son temps n’est plus à elle; elle en doit compte à qui elle appartient. Faites un peu votre examen sur l’emploi de vos journées. Hélas! hélas! Que d’heures précieuses qui ne reviendront plus! Que de saintes choses qui eussent pu être faites pour le ciel!
Du reste, c’est bien à moi à vous prêcher cette importance des moments. Si vous saviez de quelle façon je les gaspille! Je flâne, je me promène, je disserte, je prends toutes sortes de choses. Ah! c’est bien moi qui suis un gourmand, un hypocrite, un paresseux, un avare, oui, un avare. Je m’aperçois que je tiens aux biens de ce monde, je compte les hectolitres de vin que j’aurai, combien je les vendrai. Quand j’ai su que mon fermier d’ici avait fait l’année dernière 12.000 francs de bénéfices, j’ai été tout heureux en pensant que, cette année, ils seraient pour moi, et peut-être un peu plus(1). L’eau m’en vient à la bouche. Que dites-vous de cela? Et il y a bien d’autres choses encore. Pourtant, au fond, il me semble bien que je ne garde tout cela que parce que c’est pour le mieux, et si quelqu’un me disait qu’il faut se débarrasser de toutes ces préoccupations pour acquérir un quart de degré de plus d’amour de N.-S., bien vite je m’en débarrasserais. Priez, ma fille, pour que je sache ce qui est pour le mieux et ce qui va le plus à la gloire de notre divin Maître.
Vous aurez la maîtresse de latin que vous voudrez. Cela dépend absolument de vous. Si Soeur Marie-Aug[ustine] craint d’avoir l’air de faire plus pour vous que pour les autres, nous la prierons de vouloir bien donner quelques leçons de plus dans la maison, et Soeur M.-Gab[rielle] aura un peu plus de temps pour vous. Je vous avoue que je serais fort surpris qu’on fît des réflexions à ce sujet. Est-ce que vous ne faites pas, vous aussi, dix fois plus que les autres pour l’Assomption? C’est un prêté pour un rendu; c’est la chose la plus simple. Il y a des échanges réciproques, des petits services qui naissent d’une foule de motifs, auxquels le public n’a pas à fourrer son nez. Cela se sent sans explications, et les commentaires gâtent tout. On a, au commencement, fait les mêmes avances à toutes. Tant pis pour celles qui n’ont pas répondu! Je trouve très fort mon compte avec celles qui nous ont compris.
Adieu, mon enfant. Mille hommages à Madame votre mère; mille souvenirs à Augustine.
E.D'ALZON.