DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 380

2 oct 1863 Lavagnac MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il y a du mieux dans la santé de son père, aussi croit-il devoir retourner à ses affaires. – Il a envers elle, pour les services rendus dans leur établissement à Paris, une dette non de justice mais de reconnaissance.

Informations générales
  • DR04_380
  • 2091
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 380
  • Orig.ms. ACR, AD 1327; D'A., T.D. 23, n. 757, p. 100.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 JUSTICE
    1 MALADES
    1 RECONNAISSANCE
    2 ALZON, HENRI D'
    2 LAURENT, CHARLES PROPRIETAIRE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 NIMES
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Lavagnac, 2 octobre [18]63.
  • 2 oct 1863
  • Lavagnac
La lettre

Ma chère fille,

Je me décide à retourner à Nîmes. Il y a du mieux dans l’ensemble de la santé de mon père, et pourtant ce matin, quand je suis entré chez lui, je l’ai cru mort. Son confesseur, qui l’avait veillé une partie de la nuit avec une autre personne, était épouvanté. C’est une série d’évanouissements, après lesquels il revient à ses idées si on lui parle de Dieu. Mais cet état peut se prolonger, et je crois devoir retourner à mes affaires. Je dois me résigner à apprendre qu’il a succombé à une défaillance.

Je suis tout disposé à faire valoir les raisons que vous m’avez fournies, à mon départ de Paris, pour ne pas quitter le quartier où nous sommes établis, mais seulement je veux dire que nous avons envers vous une dette, non de justice, mais de reconnaissance. Il y aurait dette de justice, si en nous rendant les services que vous nous avez rendus, vous eussiez posé vos conditions et que nous les eussions acceptées. Il n’y a rien de semblable. Seulement, à présent, vous nous manifestez vos intentions; nous les apprécions et nous ne demandons pas mieux que de nous y conformer. Quant à la justice, j’avoue qu’elle m’effraierait un peu. Cela créerait des obligations d’une rigueur auxquelles je ne sais si je pourrais engager ma Congrégation. Mais il est évident que le résultat sera le même, surtout si le terrain Laurent s’achète et si la chapelle s’y bâtit, puisque la chapelle sera le moyen d’exister, moyen que l’on ne trouverait pas dans un quartier moins cher, mais plus pauvre. En posant la question en ces termes, elle sera bien plus aisément tranchée.

Je vous envoie la feuille ostensible que vous me demandez; j’y ferai tous les changements que vous pouvez souhaiter si vous n’en êtes pas contente(1).

Adieu, ma fille. Mille fois vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mère M.-Eugénie avait écrit le 24 septembre: "J'ai bien envie de vous demander de *m'écrire* ce que vous m'avez dit dans notre dernière conversation. Je crois que nous allons pouvoir traiter avec Mr Laurent pour le terrain. Je serais plus à mon aise pour l'achat si vous m'écriviez ce que vous m'avez dit que vous trouvez bon que tout l'argent de Clichy, vos cent mille francs remboursés, soit employé à Paris de manière à couvrir cet achat et à compléter l'établissement de la rue François Ier, si nous prenons d'autre part la responsabilité présente de l'achat. Je vous demanderai de mettre cela sur une feuille à part de ce que vous pourrez m'écrire de manière à ce que je puisse le montrer aux vôtres au besoin et tout de suite à nos soeurs."
Pour l'intelligence de ces mots et de la réponse du P. d'Alzon, voir *Lettre* 2053 et notes. La "feuille ostensible" n'a pas été retrouvée.
Le 19 octobre, Mère M.-Eugénie fera savoir au P. d'Alzon que "M. Laurent a fait le triangle de terrain contre votre maison de Paris si cher qu'on n'a pu l'acheter".