- DR04_153
- 1879
- DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 153
- Publiée dans *l'Opinion du Midi*, le 2 janvier 1863; cop. ms. ACR, AL 10; D'A., T.D. 34, n. 9, pp. 143-144.
- 1 CITE
1 FONCTIONNAIRES
1 POLEMIQUE
1 SPECTACLES
2 AUGIER, EMILE
2 MAURAIN, JEAN
2 PARADAN, FORTUNE
2 VEUILLOT, LOUIS
3 NIMES - A MONSIEUR NUMA BARAGNON
- BARAGNON_NUMA
- Nîmes, le 31 décembre 1862.
- 31 dec 1862
- Nîmes
Mon cher ami,
Le Fils de Giboyer(1) va, dit-on, être joué sur la scène de Nîmes. C’est, de la part de la direction théâtrale, une imprudence qui peut causer certaines agitations, dont nous devons, par tous les moyens, décliner la responsabilité. L’auteur a déclaré lui-même que sa pièce devrait, à plus juste raison, s’appeler les Cléricaux. Qui dit clérical(2) dit membre ou ami du clergé. A ce dernier titre, tous les catholiques de Nîmes sont des cléricaux, et ils doivent se sentir atteints. On m’assure que plusieurs d’entre eux veulent se rendre au théâtre pour siffler. Permettez-moi de les supplier, non point d’abdiquer complètement ce droit de justice littéraire « qu’on achète en entrant », mais de ne pas se laisser entraîner des manifestations, dont on pourrait peut-être dénaturer la portée.
Il y a un moyen meilleur que le sifflet pour protester contre l’insulte, c’est de couper les vivres aux insulteurs ou, du moins, à leurs instruments. Une pétition adressée à M. le maire de Nîmes et au Conseil municipal pour demander la suppression, au prochain budget de la ville, de la subvention accordée au théâtre, serait certainement couverte de signatures. De même que j’ en ai signé plusieurs pour obtenir l’assainissement de mon quartier, de même je souscrirais volontiers à celle-ci. Tous les hommes, aux yeux de qui le scandale est un triste moyen de succès, partageront le même sentiment(3).
Tout vôtre, mon cher ami.
E.D'ALZON.2. Voir dans MAURAIN (p. 960): *Note sur le mot clérical et ses dérivés*.
3. "A Nîmes, écrit Maurain, d'Alzon, dans une lettre publiée le 2 janvier dans l'*Opinion du Midi*, somma la municipalité de retirer sa subvention au théâtre qui allait jouer le *Fils de Giboyer*" (p. 632).