DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 44

26 mar 1862 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Sa seconde lettre, plus détaillée, à propos d’un établissement des Pères à Londres, l’a fait réfléchir. – Il lui livre en cinq points les conclusions auxquelles il a abouti. – Pension et dot de deux futures religieuses. – Difficultés qu’il va tenter d’apaiser entre deux religieuses à Bordeaux.

Informations générales
  • DR04_044
  • 1756
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 44
  • Orig.ms. ACR, AD 157; D'A., T.D. 23, n. 703, pp. 53-54.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 BIENS DES D'ALZON
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 DOT
    1 FONDATIONS
    1 IRLANDAIS
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 PENSIONS SCOLAIRES
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VERS A SOIE
    2 BOLZE, MARIE DE L'ANNONCIATION
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COMMARQUE, MARIE-THERESE DE
    2 PEROUSE, JEANNE-MARIE
    2 PIERRE-JULIEN EYMARD, SAINT
    2 ROCHER, ADRIEN-MAURICE DE
    2 ROCHER, THERESE-AUGUSTINE DE
    2 WISEMAN, NICOLAS
    3 BORDEAUX
    3 LONDRES
    3 NIMES, CATHEDRALE
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes,] 26 mars 1862.
  • 26 mar 1862
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

La terreur de me lancer dans de nouvelles affaires m’a fait vous répondre un peu vite, la dernière fois. Depuis, votre seconde lettre plus détaillée m’a fait réfléchir(1). Voici mes conclusions:

1° Je ne puis rien décider sur la somme que je vous prêterai, d’ici à ce que nous ayons tenu le Chapitre. Je veux y faire traiter la question des propriétés. Il est probable que je proposerai de vendre celles du Vigan, et comme, avec le chemin de fer qui va les traverser, elles augmenteront très positivement de valeur, il faudra choisir le moment opportun. Mais il est évident que nous pourrons en tirer de 400.000 à 500.000 francs, surtout si l’on trouve le remède contre la maladie des vers à soie, comme on l’a trouvé pour la maladie de la vigne.

2° Si les choses s’arrangeaient et que nous eussions une paroisse, je voudrais la disposition de l’église en sens contraire de ce que vous proposez, c’est-à-dire vous auriez la chapelle et non l’église. Voici pourquoi. En faisant une chapelle dans le genre de celle du Saint-Sacrement à la cathédrale de Nîmes, vous seriez tout à fait indépendantes. La population pourrait adorer le Saint-Sacrement exposé chez vous, un peu par côté, il est vrai, et, quand vous feriez vos offices, ou nous les nôtres, on n’aurait à tirer que des rideaux; et, supposé que les deux oeuvres vinssent à être séparées, on n’aurait qu’un mur à bâtir. L’avantage serait que, pour certains offices de la paroisse, on ne serait pas obligé d’enfermer le Saint-Sacrement et que, de plus, la paroisse pourrait avoir ses solennités indépendantes des vôtres.

3° Peut-être l’abbé de Cabrières, qui sait l’anglais et attirerait par des sermons en français, nous rendrait-il pendant quelque temps de très grands services. Je lui en dis deux mots; il serait tout prêt.

4° Vous pouvez nous envoyer tant de novices irlandais qu’il vous plaira.

5° L’essentiel est de gagner du temps. Dans deux ou trois ans, je serai dans une situation bien plus avantageuse(2).

Voilà, ma chère fille, le résultat de mes plus sérieuses réflexions.

Hélène(3) est entrée au noviciat. Ses parents, à cause de pertes assez considérables qu’ils viennent de faire, ne veulent donner que 500 francs de pension et l’entretien pendant le noviciat, et 10.000 francs à la profession, sauf à augmenter, si leurs affaires s’arrangent. Pourtant, un jour, elle aura bien près de 100.000 francs. Quant à Thérèse(4), elle serait entrée sans la lésinerie de son père. Je demande 1.200 francs de pension et 30.000 francs à la profession. Le père voudrait que Thérèse promît par écrit qu’elle ne garderait, à sa mort, que le quart pour son couvent. Je m’y suis formellement refusé.

Adieu, ma fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Il paraît que Soeur M.-Jeanne(5), à B[ordeau]x, ne va pas en tout avec Soeur M.-Thérèse. Je vais écrire pour apaiser cela. Je crois que, si vous ne le savez pas, vous ferez bien de n'avoir pas l'air de vous en douter.1. Le 21 mars, Mère M.-Eugénie a donné au P. d'Alzon des précisions sur le projet élaboré avec le card. Wiseman. Des prêtres seraient chargés d'une paroisse dont l'église serait construite sur le terrain des R.A. Ces prêtres desserviraient les religieuses et s'occuperaient des premières communions des garçons, tandis que les soeurs se chargeraient des filles. Ayant eu avant son départ de Paris un entretien avec le P. Eymard, Mère M.-Eugénie a parlé au cardinal de la possibilité d'obtenir le concours des Pères du Saint-Sacrement. "Mais, écrit-elle, depuis cette conversation avec le cardinal, je ne puis m'empêcher de rêver que ce soient les Assomptionistes qui prennent cette mission." Elle ne voudrait pas mal agir avec le P. Eymard, mais croit que les Pères du Saint-Sacrement trouveraient facilement à fonder ailleurs dans Londres. C'est pour la construction de l'église qu'elle a demandé au P. d'Alzon s'il pourrait lui avancer entre 100 et 200.000 francs.
2. Au point de vue financier et, espère-t-il, par ses ressources en hommes.
3. Hélène Bolze (Soeur M. de l'Annonciation), entrée la veille.
4. Thérèse de Rocher (Soeur Thérèse-Augustine), qui entrera en mai.
5. Lire : *Jeanne-Marie*.