DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 37

17 mar 1862 Nîmes QUINN Mgr

Il blâme la conduite du P. Cusse, qui en se séparant de son évêque a manqué à l’obéissance qu’il lui devait. – Pour éviter d’autres ennuis, ne pourrait-il obtenir une concession de terrains pour les Pères et leur accorder l’institution canonique? – Doit-il lui envoyer le P. Brun en octobre?

Informations générales
  • DR04_037
  • 1751
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 37
  • Brouillon autogr. ACR, AP 20; D'A., T.D. 40, n. 6, p. 142.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 FONDATIONS
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    2 CUSSE, RENE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    3 BRISBANE
    3 FRANCE
    3 ROME
    3 SYDNEY
  • A MONSEIGNEUR QUINN, EVEQUE DE BRISBANE
  • QUINN Mgr
  • Nîmes, le 17 mars 1862.
  • 17 mar 1862
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Monseigneur,

Le P. Cusse m’apprend qu’il vient de se séparer de vous(1), et je viens vous témoigner toute la peine que j’en ai. Il demande à se séparer de la Congrégation si je ne l’approuve pas, et je le relève de ses voeux(2). Vous verrez dans cette mesure de ma part la preuve que je blâme entièrement sa conduite. Je ne veux point examiner ici si les plaintes qu’il m’a transmises depuis longtemps avaient quelque chose de fondé. Alors même qu’elles auraient eu des motifs, il y avait une chose très sérieuse, c’était l’obéissance qu’il vous devait et qu’il était obligé d’observer.

Maintenant, Monseigneur, pour éviter d’autres ennuis, me permettrez-vous une proposition? Puisque vous obtenez de grandes concessions de terrain, pourquoi n’en feriez-vous pas accorder une à nos Pères? Peut-être pourrions-nous y consacrer une somme, et alors nous ne vous coûterions rien; vous nous accorderiez l’institution canonique, et les choses prendraient leur état normal. Ceci n’est qu’une simple idée que je vous prie de méditer, comme aussi je me réserve d’en causer avec mes religieux; mais pour éviter certains inconvénients, peut-être vaut-il mieux accepter une position nette et tranchée(3).

Veuillez me dire aussi si je dois vous envoyer le P. Brun au mois d’octobre.

Veuillez…

Notes et post-scriptum
1. Le P. Cusse a annoncé son *intention* de quitter Brisbane pour Sydney (voir *Lettre* 1747, n. 2).
2. Le P. d'Alzon attendra d'avoir reçu la réponse de ses conseillers pour annoncer au P. Cusse qu'il le relève de ses voeux. Sa lettre comme toutes ses lettres au P. Cusse est perdue, mais nous savons par la réponse de ce dernier (20 juin) qu'elle était datée du 26 mars. A Mgr Quinn cependant le P. d'Alzon annonce déjà qu'il relève le P. Cusse de ses voeux. C'est que, comme il l'a écrit au P. Picard le 15 mars, la consultation de ses conseillers ne lui semble pas indispensable. Quel que soit le bien fondé des plaintes du P. Cusse, ce dernier a eu, du point de vue du P. d'Alzon, le tort grave de manquer à l'obéissance qu'il devait à l'évêque.
3. Le P. d'Alzon se rend bien compte que la situation des missionnaires est intenable car, si le P. Cusse est d'un tempérament exalté, le P. Tissot, beaucoup plus pondéré et beaucoup plus patient, se plaint lui aussi amèrement de l'attitude de l'évêque de Brisbane à leur égard. Le P. d'Alzon risque donc, bien timidement, une suggestion à Sa Grandeur: si vous nous aidiez à obtenir (à nos frais, cela va de soi) une concession de terrain, vous pourriez peut-être nous accorder l'institution canonique... A cette suggestion, Quinn répondra avec hauteur le 19 juin: "You take occasion from Père Cusse's complaints without pronoucing them true or false to suggest that I should give your Congregation Canonical Institution. You add that it is merely an idea which you have not maturely considered. Permit me to say that I feel sure you will agree with me, after you have considered it, that the occasion for making such a suggestion is not a happy one."
Au moment où Mgr Quinn écrit cette lettre, le P. Cusse a quitté Brisbane pour Sydney depuis quelques jours. L'évêque ne s'est pas opposé à son départ. Il a demandé au P. Cusse de mettre ses griefs par écrit et a soumis ce document à son vicaire général et à deux autres prêtres. Le 9 avril, ces ecclésiastiques ont remis leur rapport, dans lequel ils déclarent avoir trouvé sans fondements les griefs du P. Cusse et recommandent à l'évêque d'accéder à sa requête, son maintien à Brisbane ne pouvant être d'aucune utilité au diocèse (PY 7).
Quant au P. Cusse, c'est à Sydney qu'il reçut la lettre du P. d'Alzon. Il y répondit le 20 juin: "... il m'est impossible de penser que vous ayez le droit de m'en dispenser de votre propre autorité. Dans tous les cas vous ne pouvez prononcer sans m'entendre, nul tribunal pas même celui de Dieu ne procède ainsi... je ne puis que vous dire avec l'apôtre... *Caesarem appello*... en pareille matière mon appel est suspensif. Je vais donc prendre mes dispositions pour me rendre en France et de là à Rome... Quoi qu'il arrive, croyez bien, mon Père, que mes sentiments personnels pour vous ne seront jamais altérés. Je ne vous rends pas responsable des avis de votre conseil et, dans tous les cas, croyez bien que je ne perdrai jamais la mémoire du coeur. Recevez donc la nouvelle assurance de toute ma respectueuse affection."