DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 9

12 jan 1862 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Ses lettres ne sont pas égarées. – Qu’il essaie de savoir s’il est vrai que la Congrégation de l’Index a donné raison aux théologiens de Louvain sur la question du traditionalisme. – N’a-t-il pas besoin d’argent? – Il pense qu’il pourra voir sans difficulté le cardinal Barnabo. – Qu’il ne perde pas de vue la possibilité d’avoir un couvent. – Les affaires tournent au rouge sombre. – Il ira le voir après Pâques.

Informations générales
  • DR04_009
  • 1718
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 9
  • Orig.ms. ACR, AG 30; D'A., T.D. 27, n. 30, pp. 20-21.
Informations détaillées
  • 1 ERREUR
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 D'ANDREA, GIROLAMO
    2 LIVERANI, GIUSEPPE
    2 MERTEL, THEODULPHE
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SEMENENKO, PIERRE
    2 STUMPF, PIERRE-PAUL
    3 AMERIQUE
    3 ASIE
    3 ETATS PONTIFICAUX
    3 LOUVAIN
    3 NIMES
    3 ROME, EGLISE SAINT-CLAUDE DES BOURGUIGNONS
  • AU FRERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, le 12 janvier 1862.
  • 12 jan 1862
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

J’avais éprouvé un grand effroi que quelques-unes de vos lettres ne fussent égarées. Elles m’arrivent enfin, mais sans ordre de date. Peu importe, pourvu que je les aie.

Voici une grosse affaire que je vous prie de me vérifier. M. Chaillot(1) m’avait dit qu’au mois de mai dernier la Congr[égation] de l’Index avait donné raison aux théologiens de Louvain sur la question du traditionalisme(2). On a dit le contraire à Mgr de Nîmes. Qui dit vrai? Le P. Semenenko(3) est de la Congrégation. Demandez-lui s’il peut parler, car s’il est encore obligé au secret, il ne dira rien; sinon, demandez-lui quelques détails. Si en faisant le naïf, vous pouviez faire parler le P. Stumpf(4), ce serait bien mieux encore; mais il faudrait beaucoup de prudence et de réserve.

N’avez-vous pas besoin d’argent? Quant au cardinal Barnabo, je pense que vous pourrez le voir sans difficulté; mais je crois que la Propagande a maintenant deux cardinaux(5), l’un pour l’Asie, l’autre pour le Nouveau Monde. Ne perdez pas de vue la possibilité d’avoir un couvent. Mgr Chaillot, s’il le veut bien, vous en fera donner un. Ce serait précieux, parce que dans ce cas nous aurions un peu plus d’argent pour l’établissement.

Sanctifions-nous, mon enfant. Je crois que les affaires tournent à un rouge bien sombre(6). Tenons-nous prêts à tout.

Adieu. Mille fois vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Vous pouvez bien attendre pour l'audience du Pape. J'irai vous voir de suite après Pâques, à moins de très grands empêchements.1. Mgr Chaillot était consulteur de la Congrégation des Evêques et Réguliers.
2. Il faut dans ces doctrines de Louvain distinguer deux éléments: le *traditionalisme* et l'*ontologisme*. Le traditionalisme avait fait l'objet en mai 1861 d'une lettre approbative du cardinal d'Andrea, préfet de la Congrégation de l'Index. Les adversaires de Louvain obtinrent que la question fût transmise au Saint-Office qui, le 18 septembre, condamna sept propositions imputées aux théologiens de Louvain et à des théologiens français et relevant de l'ontologisme (*DTC*, art. *Dieu*, col. 806-810 et *Ontologisme*). A ce moment, le cardinal d'Andrea avait démissionné de sa charge de préfet de la Congrégation de l'Index pour n'avoir pas à condamner le livre de Mgr Liverani, *Il papato, l'impero et il regno d'Italia* (1861) qui préconisait une fédération italienne dont feraient partie les Etats pontificaux.
3. Fondateur des Pères Résurrectionistes, chez qui, à Saint-Claude des Bourguignons, résidaient les étudiants assomptionistes. Il était consulteur de la Congrégation de l'Index.
4. Spiritain, directeur au Séminaire français.
5. La Propagande avait deux préfets: le card. Barnabo, *Prefetto generale* et le card. Mertel, *Prefetto dell'Economia*. Le card. Barnabo était également préfet de la *Congregazione speciale per le Affari del rito orientale*, nouvellement créée par Pie IX.
6. Le P. d'Alzon pense à la politique hostile du gouvernement français vis-à-vis des sociétés de bienfaisance et des congrégations religieuses, et plus particulièrement aux menaces qui pèsent à Nîmes sur l'Association de Saint-François de Sales.