DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.480

20 jul 1861 Nîmes MAC_NAMARA Marie-Marguerite ra

Pourquoi il ne va pas à Bordeaux en ce moment. – Soeur M.-Bernard. – Elle est au moment le plus précieux de sa vie: en cherchant à faire le plus grand bien à ceux qui lui ont fait du mal, en ne s’appuyant que sur N.S., en rapportant tout à lui, elle peut devenir une grande sainte et rendre un immense service à sa congrégation. – Cinq coups de discipline pour Soeur Marie des Anges.

Informations générales
  • DR03_480
  • 1633
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.480
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 40, n. 38, pp. 358-359.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 DISCIPLINE INSTRUMENT
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 GENEROSITE
    1 MISERICORDE
    1 OUBLI DE SOI
    1 PARDON
    2 HAY, MARIE-BERNARD
    2 HUGUES, MARIE DES ANGES
    3 BORDEAUX
    3 NIMES
  • A Soeur Marie-Marguerite Mac-Namara
  • MAC_NAMARA Marie-Marguerite ra
  • Nîmes, 20 juillet 1861.
  • 20 jul 1861
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Je viens de lire très attentivement votre bonne longue lettre et je vais y répondre en toute franchise. Non, ce n’est point à cause du passé que je ne vais pas à Bordeaux en ce moment, c’est à cause de l’absence de la supérieure joint au peu de temps dont je pourrais disposer. Le passé est passé, je n’y reviens que [pour] vous engager à vous défier de votre disposition à être le moins humaine possible. J’espère vous y aider en bon père. Quant à Soeur M.-B[ernard], je vous avoue qu’après les deux jours qu’elle a passés ici, je suis en très grande partie de votre opinion; mais si je vous le dis aussi simplement et sans vous chercher chicane sur tel ou tel détail, je crois que cette pauvre Soeur est malade. Vous êtes en conscience obligée de la traiter avec une très grande miséricorde.

J’ajoute que vous êtes au moment le plus précieux de votre vie. Si pour Dieu vous cherchez à faire tout le bien possible à ceux qui vous ont fait du mal, qui peuvent encore vous faire souffrir, évidemment vous avez la chance de devenir une grande sainte. Si ma fille se disait: « A partir de l’Assomption, je ne m’appuierai que sur Notre-Seigneur, je m’appuierai sur mon père d’une manière forte et très sainte, non plus comme une petite fille un peu charnelle; je renoncerai à quelques petites satisfactions pour recueillir de plus grands avantages d’une grande et très solide amitié; » si avec Soeur M.-B[ernard] vous vous proposiez de gagner son âme non par esprit de domination, mais par esprit de généreuse charité; si usant de ce que le bon Dieu lui a donné, ma fille rapportait tout à lui, encore une fois dans sa situation elle deviendrait une vraie sainte, elle rendrait un immense service à sa Congrégation et se conduirait en véritable épouse de Notre-Seigneur. Ne vous fâchez pas si je vous propose quelque chose de très dur, il faudrait vous fâcher de ce que j’ai trop bonne opinion de vous. Vous le voyez, du reste, je ne dispute pas sur vos renseignements; quand je ne verrais pas tout comme vous, le fond y est.

Rendez-moi un service de détail. Vous irez trouver Soeur Marie des Anges et vous lui direz que vous venez de ma part lui donner cinq coups de discipline sur les épaules. Vous les lui donnerez, vous aurez les Confessions de saint Augustin et une photographie. Soignez-vous pour votre infirmité sans scrupule.

Adieu, ma fille. Il me semble que je suis plus que jamais disposé à être votre vrai père de la meilleure façon, mais soyez une sainte.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum