- DR03_330
- 1482
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.330
- Orig.ms. ACR, AP 18; la date au bas du document est de la main du P. d'Alzon, elle est suivie de sa signature et de celle de Mgr Quinn ainsi que de deux cachets de cire dont l'un est celui de l'Assomption, les inscriptions de l'autre n'étant plus lisibles; D'A., T.D. 40, n. 4, pp. 140-141. - Le brouillon de la main du P. d'Alzon (ACR, AU 104), comporte des ratures et surcharges dont AP 18 a tenu compte. Il n'est pas daté.
- 1 JURIDICTION EPISCOPALE
1 MISSION D'AUSTRALIE
2 ALZON, AUGUSTINE D'
2 ALZON, MADAME HENRI D'
2 BRUN, HENRI
2 CUSSE, RENE
2 VAILHE, SIMEON
3 AUSTRALIE
3 LIVERPOOL
3 LONDRES
3 NIMES - Convention entre Mgr Quinn, évêque de Brisbane, et le P. d'Alzon
- QUINN Mgr
- [Nîmes, le 19 octobre 1860](1).
- 19 oct 1860
- Nîmes
Conditions arrêtées entre Monseigneur Quinn, Evêque de Brisbane, et le T.R.P. d’Alzon, supérieur des religieux de l’Assomption.
1° Les religieux de l’Assomption seront à Brisbane dans les mêmes conditions que les autres missionnaires et suivront le règlement qui leur sera donné par Mgr l’évêque.
2° L’Evêque sera leur supérieur pendant les dix premières années(2), mais ils auront toujours leur libre correspondance avec leur Supérieur(3) d’Europe.
3° On n’enverra que des sujets de choix qui auront l’intention de se fixer pour toujours dans le diocèse; on les retirera sur la demande de l’Evêque, et s’il ne demande pas leur départ, on ne les rappellera que dans l’intérêt du Diocèse et après avoir pris l’avis du Prélat.
4° Aussitôt que Monseigneur l’Evêque le pourra, il donnera l’institution canonique à une maison dont les religieux seront propriétaires et dès lors ils rentreront dans le droit commun qui règle les couvents dans les missions étrangères(4).
Nîmes, 19 [octobre] 1860.
L.S. E. d'Alzon, supérieur des religieux de l'AssomptionL'hypothèse la plus vraisemblable pour expliquer cette erreur est, nous semble-t-il, la suivante. Les deux parties se mettent d'accord sur la convention à signer. Le P. d'Alzon rédige un brouillon (AU 104) qu'approuve Mgr Quinn, mais on n'a pas le temps de le transcrire. Le P. d'Alzon et Mgr Quinn apposent leur signature et leurs sceaux sur une feuille dont le recto et le tiers du verso sont laissés en blanc. Quelque temps plus tard, le P. d'Alzon fait transcrire la convention sur cette feuille et ajoute la date de sa main, mais il se trompe de mois. Cette hypothèse est renforcée par le fait que Mgr Quinn réclamera par après une copie authentique de l'acte (lettre de Cusse au P. d'Alzon du 24 octobre).
2. Ces dix années qui figurent également, mais en chiffres, dans le brouillon du P. d'Alzon posent un problème grave si on se reporte à deux autres documents: une note autographe non datée du P. d'Alzon, intitulée *Résumé* (CR 18; T.D. 43, 298), et une note du P. Brun dans son *Registre* (OT 242, pp. 26-29).
a) *Le "résumé" du P. d'Alzon*:
Ce texte est une espèce de mémento en six points où le P. d'Alzon résume sa position vis-à-vis de la mission d'Australie. En voici le premier: "1° A quoi sommes-nous obligés? A obéir à Mgr Quinn *pendant trois ans* comme de simples prêtres dépendant de l'ordinaire, qui nous loge, nourrit, habille."
b) *La note du P. Brun* (en résumé):
D'après le P. Cusse venant de Nîmes et que j'ai rencontré à Paris le 30 septembre, écrit le P. Brun, la pensée du P. d'Alzon était que nous serions sous l'obéissance de Mgr Quinn pendant une durée *de 18 mois à deux ans*. La lettre du P. d'Alzon me faisant connaître ses arrangements avec Mgr Quinn disait que nous serions sous son obéissance *au commencement seulement*. Lors de sa visite à Londres (au début de novembre), Mgr Quinn m'a parlé d'une durée de *dix ans*. "La question est bien différente", note ici le P. Brun. En effet, mais c'est pourtant bien ce que prévoit la convention...
c) *Que s'est-il passé*?
Il semble qu'au départ le P. d'Alzon n'ait envisagé de laisser ses religieux dépendre directement de l'évêque "comme de simples prêtres", c'est-à-dire sans avoir l'assurance de pouvoir vivre en communauté selon les règles de la congrégation, que pendant une durée de dix-huit mois à deux ans: c'est ce qu'il a dit au P. Cusse. Puis Mgr Quinn arrive à Nîmes. La discussion s'engage. Mgr Quinn parle de 10 ans, le P. d'Alzon de deux. Finalement l'évêque propose d'inscrire 10 ans dans la convention, tout en assurant qu'au bout de trois ans au plus, la situation des missionnaires serait conforme à leur statut de religieux. D'un côté, le P. d'Alzon, éprouvé par les décès successifs de sa soeur et de sa mère, fatigué par les graves problèmes qui se sont posés à Nîmes et qui continuent à se poser à Paris, sujet à ce moment à des crises nerveuses. De l'autre, Mgr Quinn, tenace dans la discussion, et que nous nous représentons comme un charmeur ("il s'est montré très bien, très affectueux à mon égard", dit à plusieurs reprises le P. Brun). Et de guerre lasse, le P. d'Alzon accepte la proposition de l'évêque...
Tout ceci n'est qu'hypothèse, mais le P. d'Alzon parle trop souvent par la suite d'un délai de *trois ans* pour qu'il ne soit pas convaincu que c'est bien cela que Mgr Quinn lui a promis. Il a cru pouvoir lui faire confiance, mais Mgr Quinn, lui, s'en tiendra à la lettre de la convention. "You will continue, I hope, lui écrira-t-il le 19 juin 1862, to regard our letter of agreement as the rule by wich we are to be guided in our mutual relations".
Le 30 novembre 1860, de Londres, le P. Cusse suppliait le P. d'Alzon de lui envoyer à Liverpool, où il devait s'embarquer le 5 décembre, la copie de ses conventions avec Mgr Quinn: "L'étrange interprétation qu'il m'en a donnée me fait désirer d'en avoir le texte à ma disposition".
3. AU 104 (brouillon du P. d'Alzon) et T.D. 40, p. 140 ont : *leurs supérieurs".
4. "Tel est l'acte qui livre, et pour dix ans, les religieux assomptionnistes au pouvoir de Mgr Quinn. L'article 4 du contrat paraît, à la vérité, atténuer la force de l'article 2, et sans doute il en eût été de la sorte avec tout autre évêque; mais cet article ne concerne qu'un avenir lointain et qui dépendait, somme toute, du bon vouloir du prélat. Et ce bon vouloir ne devait jamais se manifester. On l'ignorait à Nîmes au moment de conclure, bien que les difficultés soulevées jusque-là le laissassent entrevoir." (VAILHE, *Vie* II, p. 647).