- DR03_275
- 1427
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.275
- Orig.ms. ACR, AN 87; D'A., T.D. 38, n. 87, pp. 226-227.
- 1 FATIGUE
1 FOI
1 SAINTETE
1 TRAVAIL DE L'ETUDE
1 VERTU DE FORCE
2 ALZON, AUGUSTINE D'
2 COURTOIS, RAOUL DE
2 ESCURES, GAILLARD D'
3 AUTEUIL
3 PARIS - A Madame la comtesse d'Escures
- ESCURES Comtesse
- [Auteuil, le 18 août 1860](1).
- 18 aug 1860
- Auteuil
- *Madame*
*Madame la ctesse d'Escures*
*au Gué Robert par Tigy*
*Loiret*.
C’est à Paris, ma bien chère fille, que votre lettre vient me chercher, et je vous écris avec la crainte d’être un peu illisible, attendu qu’en ce moment je suis assez fatigué.
Au moment même, je songe qu’on a peut-être oublié de vous communiquer la mort de ma soeur aînée. Voilà un mois qu’elle nous a quittés, après une longue maladie; elle avait, par son caractère, quelques points de ressemblance avec vous. Elle avait vaincu ses incertitudes par un très grand esprit de foi et par une application très sérieuse à des études qu’elle cachait, afin de ne pas passer pour bas-bleu, mais qui donnaient du ton à son caractère et l’ont aidée à être, sans prétention, une femme très distinguée. Heureusement qu’elle était mieux que cela, et son confesseur me disait, après sa mort, que c’était, malgré son excessive timidité, une sainte de premier ordre. Priez pour elle et surtout pour ma pauvre mère, à qui elle était si nécessaire, pour l’aider à porter le poids de ses infirmités.
Quant à vous, ma bonne fille, vous tournez dans un cercle vicieux. Vous souffrez, parce que vous manquez de volonté, et votre volonté s’affaiblit par l’effet même de vos souffrances; il vous faudrait apprendre à souffrir avec force et sainteté. C’est là tout le secret de votre état. Or, le meilleur moyen est de vous soumettre à offrir tous les jours un effort volontaire, puis plusieurs, puis enfin des efforts constants. Ou je me trompe fort, ou voilà l’essentiel: faire tous les jours un effort, quelques efforts, beaucoup d’efforts, toujours des efforts. J’aimerais bien d’avoir Raoul(2) à l’Assomption, et je vous promets que, si on me le donnait, je l’aimerais comme le neveu de sa tante.
Adieu, ma bonne fille. Je vous écris au milieu des embarras d’une course à Paris. Il me faut renvoyer ma visite chez vous, d’autant plus que je pars dans huit jours et que, si je vais vous voir pour vous, j’y vais aussi pour M. d’Escures, et qu’il est absent.
Tout à vous, mon enfant, avec un tendre attachement.
E.D'ALZON.2. Raoul de Courtois, neveu de Mme d'Escures.