- DR03_145
- 1295
- DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.145
- Orig.ms. ACR, AP 71; D'A., T.D. 40, n. 19, pp. 196-197.
- 1 DOT
1 FOI
1 OUBLI DE SOI
1 VOCATION RELIGIEUSE
2 BLANC, ALEXANDRE-ONESIME
2 BRUYERE, TROYEN
2 JOB, BIBLE
2 ROCHER, ANDRE
2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
3 NIMES - A Madame Varin d'Ainvelle
- VARIN_MADAME
- Lamalou, 5 sept[embre 18]59.
- 5 sep 1859
- Lamalou
Je n’osais guère espérer, Madame, de vous voir à Nîmes, et cependant l’obligation d’être rentré dix jours plus tôt que je ne l’avais calculé m’a forcé à mettre un peu de hâte dans bien des courses qu’il me faut abréger, en prenant un bout d’un côté et un bout de l’autre. Je comprends que vous êtes au moment du sacrifice, et que c’est maintenant qu’il faut vous armer de tout votre esprit de foi, pour donner à Notre-Seigneur ce qu’il vous demande avec la générosité qui augmentera la valeur de votre offrande(1). Dieu, qui voit le fonds des coeurs, apprécie bien moins ce qu’on lui donne que le sentiment avec lequel on lui donne, et c’est pour cela qu’il faut purifier de plus en plus votre âme. Notre Seigneur disait: « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils. » Vous devez pouvoir dire: « Mon Dieu, je vous aime tant que je vous donne ma fille. » Prenez, dans les sentiments avec lesquels Dieu a permis le mystère de l’Incarnation et la mort de notre divin Maître, l’exemple des sentiments que vous devez avoir au moment où Mlle Isaure se séparera de vous.
Heureusement que les détails, que vous me donnez sur la manière dont votre famille a pris une si grande détermination, adoucissent à un certain point votre douleur. C’est une diminution de souffrance, qu’il faut remercier la Providence de vous avoir ménagée. Je lisais encore ce matin, dans mon office, que Job, privé de ses enfants, n’eut que ces mots sur les lèvres: « Dieu les avait donnés, Dieu les enlève. Qu’il soit fait comme il plaît à Dieu! Que son nom soit béni! »
Je voudrais bien pouvoir procurer au Fr. Troyen(2) quelque habile Grec pour former ses élèves en latin, mais malheureusement je n’ai, en ce moment, personne de Nîmes à lui donner. Tous sont pris, mais je puis lui chercher quelqu’un et ce ne sera peut-être pas difficile à trouver. Si le Fr. Troyen veut m’écrire pour me camper sur la position de l’aumônier, je ferai tout mon possible pour lui faire un bon choix. Peut-être serait-il préférable qu’il ne se pressât pas trop. Il vaudrait mieux bien préparer son coup que frapper à faux, d’autant plus qu’avec un homme comme M. Blanc(3) on peut être sûr de lui faire demander son changement, quand on voudra, en le forçant à dire la messe plus vite.
Mlle Isaure m’avait fait quelques questions sur la situation où elle se trouvait par rapport à sa fortune. Je lui réponds quelques mots, qu’elle vous communiquera sans doute. J’avais dû lui donner à Nîmes quelques explications verbales; je tâche d’y suppléer par ce que je lui écris.
Veuillez agréer, Madame, l’hommage de mes sentiments les plus respectueux.
E.D'ALZON.2. Clément Bruyère (1815-1894), directeur de la communauté des FEC d'Alès et fondateur du pensionnat en 1856 (d'après la notice biographique communiquée par le Fr. André Rocher, archiviste des FEC à Rome).
3. L'abbé Alexandre-Onésime Blanc fut aumônier du pensionnat d'Alès en 1858-1859. - Les notes 2 et 3, absentes de l'édition, ont été ajoutées en novembre 2000, sur les indications de J.P. Périer-Muzet.