- PM_XIV_512
- 0+620 a|DCXX a
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 512
- Orig.ms. ACR, AD 649; D'A., T.D. 20, pp. 92-94.
- 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 CONTRARIETES
1 CONVERSION SPIRITUELLE
1 EFFORT
1 EGOISME
1 EMPLOI DU TEMPS
1 EXAMEN POUR LE REGNE
1 FRANCHISE
1 GLOIRE DE DIEU
1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 SATAN
1 SYMPTOMES
1 TIERS-ORDRE FEMININ
1 VIE CONTEMPLATIVE
2 ABRAHAM
2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
2 HENNINGSEN, MARIE-GERTRUDE DE
2 JOB, BIBLE
2 PIERRE, SAINT - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Nîmes, le 31 mai 1849.
- 31 may 1849
- Nîmes
- Institution de l'Assomption
Ma chère fille,
J’ai reçu à la fois votre lettre du 23 et celle du 25. Celle du 23 en contenait une à Mme Durand qu’elle m’a donnée à lire. Il faut que je me mette [à] des explications si elle vous a dit qu’on avait prétendu que vous vouliez vous moquer d’elle. Elle s’est trompée. On, c’est-à-dire je lui avais dit que votre lettre me faisait l’effet d’une petite leçon indirecte, très propre à éprouver son degré de docilité, et je vous avoue que je le pense encore. L’excessive franchise de Mme Durand se révolte contre une pareille idée, et il m’a fallu lui prouver fort longuement que ces épreuves sont nécessaires, que Dieu a tenté Job, Abraham, saint Pierre, que Notre-Seigneur lui-même a été tenté. Je crois qu’elle l’admet enfin et qu’elle s’y soumet, malgré que cela lui paraisse dur. Cette femme joint à une foi très vive, et à un courage extrême pour aller au devant du sacrifice, une ignorance des choses du monde qui ne lui permet pas de comprendre qu’on ne dise pas très crûment ce que l’on pense, quand on fait tant que de l’exprimer. C’est quelque chose du genre de Soeur Marie-Gertrude.
Je prie beaucoup Dieu pour vous, et j’en reviens à dire que toutes les préoccupations que vous avez à cause de moi sont un piège du démon. Mettez que vous eussiez employé à penser à Dieu et à travailler à sa gloire le temps que vous avez mis à vous replier sur vous-même, à vous raidir, à vous plaindre, quel bien n’eussiez-vous pas fait ? pour cela il eût suffi d’un peu plus d’amour de Dieu. Je vous conjure donc, ma chère enfant, de réfléchir un peu moins à ce que je suis ou ne suis pas, mais à penser davantage à ce que vous devez être. C’est là, croyez-moi bien, le point essentiel, et pour cela appuyez-vous tous les jours un peu plus sur Dieu. Quand vous serez plus exclusivement préoccupée de lui, votre pauvre nature souffrira moins de tout choc avec les créatures. Tâchez donc, chère fille, de faire effort pour vous tourner doucement vers Dieu et vous abandonner davantage et sans réserve à son action. J’ai grand peur que vous ne vous marchandiez trop avec lui, car il est bien évident que, si vous étiez un peu plus généreuse à son égard, vous pourriez faire bien plus de progrès. Or il faut bien que vous en veniez un jour à vous donner tout de bon, et, religieuse comme vous l’êtes depuis si longtemps, il y a longtemps aussi que cela devrait être fait. Si vous m’en croyez donc, vous n’aurez de repos avec vous-même que lorsque vous aurez déclaré à Notre-Seigneur votre résolution de devenir tout autre. Croyez-moi, mettez-vous-y, comme vous sentez en présence de Dieu que vous devez y travailler en effet; ne cherchez aucun subterfuge, aucune de ces excuses, derrière lesquelles vous vous êtes trop souvent abritée jusqu’ici. Vous comprenez qu’en ce moment je ne veux rien discuter avec vous, je place seulement votre conscience en face de Notre-Seigneur et je vous dis : « Ecoutez votre maître et obéissez-lui. »
J’ouvre votre lettre du 28 que j’ai reçue, il y a deux minutes. Ce que vous a dit M. Gerbet est très bon et je ne vois pas pourquoi vous ne prendriez pas son avis, en l’ajoutant à ce que je vous dis de mon côté. Il me semble que cela peut très bien se faire ainsi. Pour mon compte, je vous promets de prier de toute mon âme, afin que Dieu vous donne aide et secours et qu’enfin, en effet, vous vous y mettiez tout de bon. Je vais y intéresser nos filles du Tiers-Ordre. Je ne vous donne pas de leurs nouvelles pour ne pas vous distraire ces jours-ci. Que Dieu, ma chère fille, vous pénètre de son amour et que ce soit dans cet amour que vous trouviez la guérison de tous vos maux : Il me semble que Dieu vous attend et veut absolument vous rendre sainte; ne trompez point son désir.
Je suis souffrant, j’ai des crampes d’estomac très fortes, et écrire me fatigue beaucoup. Je vous demande la permission de m’arrêter pour aujourd’hui. Au premier jour, je vous écrirai plus long.
Tout vôtre en Notre-Seigneur.
E.D'ALZON.