- ES-0115
- DIRECTOIRE
- TROISIEME PARTIE, DES MOYENS
CHAPITRE XVIII, DU COUCHER - Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
- 1 COUCHER
1 REPOS DU RELIGIEUX
Je dois un jour mourir, et chaque fois que je me couche, je fais un apprentissage du tombeau. Un jour, je ne me relèverai plus; on m’étendra dans la terre du repos, en attendant l’éternel réveil.
Mais chaque fois que je vais m’endormir, suis-je assuré que je me réveillerai dans ce monde, et que l’Epoux ne viendra pas me surprendre comme les vierges de la parabole?… Ma lampe est-elle préparée?… N’est-elle pas, au contraire, sur le point de s’éteindre?… N’est-elle pas éteinte entièrement?… Voilà ce que je dois me demander chaque fois que je m’endors. Oh! si, au lieu de la cloche, c’était, comme il arrivera un jour, la trompette du jugement qui vînt m’arracher au sommeil, comment paraîtrais-je devant le juste Juge?… Suis-je prêt? Et si je ne le suis pas, comment ai-je le courage de m’endormir avec une conscience troublée?…
Le silence de la nuit peut m’être une sainte et utile chose.
[[Je dors, mais mon coeur veille ]] [1], dit l’Epouse des Cantiques. Il y a là un véritable apaisement, dont je puis user pour m’unir encore plus à mon divin Maître. C’est dans ce silence que je puis le prier avec un recueillement plus grand. [[ C’est dans la paix et en lui que je me reposerai et m’endormirai [2] ]], et cette séparation des créatures, exigée par la faiblesse de la nature, peut être pour moi comme un essai de la séparation plus complète que, réveillé et dans la plénitude de ma volonté, j’accomplirai demain pour trouver mon repos en Dieu seul.