Le premier bien de la famille, c’est le lien du sang (1). Par lui s’établit l’autorité, l’unité, l’égalité. Par lui le père s’attache à celle par qui il exerce un si étonnant pouvoir; par lui la mère sent se former au fond de ses entrailles un amour, qu’aucun amour n’égalera envers l’être qu’elle va présenter à la terre; par lui le fils est comme forcé d’aimer ceux qui lui communiquent une partie de leur être. Voyez ces enfants nombreux entourer leur père et leur mère. Portés par le même sein, le même sang circule dans leurs veines, et la vie qui s’est épanchée par les mêmes canaux donne à leur cœur les mêmes battements. L’existence qui leur a été transmise, se partageait en quelque sorte, à mesure qu’un nouveau fils naissait; mais tous ces ruisseaux divers sentaient bien qu’en remontant leur cours, ils s’unissaient dans une même source. C’était, si vous voulez une autre image, comme les branches d’un bel arbre s’élançant d’un même tronc. La cause de l’union de tous ces frères se trouve dans l’union du père et de la mère, qu’ils confondent dans leur amour, et tous ces membres réunis par la même origine sentent entre eux, sous la même autorité, une égalité de nature qui constitue la raison la plus forte de l’égalité de leurs droits.
Sermon sur la vérité (T.D., t. 42, p. 202-203).
(1) Emmanuel d’Alzon eut la chance de bénéficier d’une vie familiale forte très équilibrante. En 1869, il perdit son dernier lien familial direct lors du décès de sa seconde sœur, Marie. Il continua cependant à fréquenter Lavagnac où son neveu, Jean, perpétuait des traditions anciennes imprégnées de foi et de charité.