Eh bien oui, il y a l’enfer; je souhaite du fond du cœur que personne n’y aille, ni vous qui me lisez, ni moi non plus, pas même les ennemis de l’Eglise, s’ils consentent à se convertir. Un vieil évêque paralytique me racontait, il y a quarante ans, qu’un évêque apostat sortait de chez lui; il lui avait parlé de la conversion de M. de Talleyrand. C’est bien dur à croire, ajoutait-il. Puis se tournant avec effort vers son crucifix: Enfin, mon Dieu, vous avez bien pardonné au bon larron! et il murmura à demi-voix: oui, mais ce sont de ces coups que vous ne faites pas tous les jours. Dieu en peut faire de semblables, mais pas souvent. Donc ne nous mettons pas dans cette situation très pénible du bon larron et de M. de Talleyrand. Croyons à l’enfer pour l’éviter; ce sera un puissant moyen d’avoir la chance d’aller au ciel. Et quant à ceux qui ne croient ni au ciel ni à l’enfer, tenons-nous très loin d’eux, ils nous entraîneraient peut-être.
Le Pèlerin, n° 157, janvier 1880, p. 838.
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