Entrons dans la grande semaine de notre rédemption; entrons-y des palmes à la main; c’est la semaine des triomphes. Triomphe de la lumière sur les ténèbres, de la vérité sur l’erreur, des souffrances sur les voluptés coupables, du sacrifice sur l’égoïsme, de l’humilité sur l’orgueil, de l’obéissance sur la révolte, de la vie sur la mort, du ciel sur l’enfer, de Dieu sur Satan.
Mais souvenons-nous que dans ce combat étonnant, Jésus-Christ, le vrai David, laisse à Goliath ses armes puissantes, et ne se sert que de la fronde pour le frapper au front et le renverser mort (1). Goliath est vaincu, Israël épouvanté est vainqueur, sans presque s’en douter, tant le coup a été prompt, inattendu. Satan a ses armes, Jésus-Christ a les siennes. Satan a les richesses, la science, les passions, la haine, la révolte; Jésus-Christ a l’anéantissement, la souffrance, les cris perçants de la prière, l’amour: ilaime les hommes ses disciples jusqu’au bout, in finem dilexit eos (2), et il va à Jérusalem, monté sur un âne, aux cris d’une multitude qui proclame sa victoire sur la mort au tombeau de Lazare, en attendant qu’elle le mette à mort lui-même.
Le Pèlerin, 13 avril 1878, p. 240.
(1) D’après 1 S. 17, 32-54.
(2) Jn 13, 1: ĞIl les aima jusqu’à la finğ.