Or, je vous prie, mes frères, jetez avec moi un coup d’œil rapide sur tous les travaux de l’esprit humain. Pourquoi fouille-t-on les annales de l’histoire et s’efforce-t-on de remonter aux origines des peuples, d’étudier le travail des formations sociales? Pourquoi voyez-vous des hommes, le front penché sur la terre, interroger les plantes, les classer par familles, étudier les mœurs des animaux et s’efforcer de constater les lois de la nature, pénétrer dans les flancs des montagnes pour découvrir la marche de notre globe dans sa formation? Pourquoi d’autres se séparant du monde des corps, entrent-ils dans le monde de l’intelligence, et se repliant sur eux-mêmes, s’appliquent-ils à méditer sur les phénomènes du monde moral? Pourquoi tant de systèmes? Pourquoi tant de religions? Quelle est la cause secrète qui pousse ainsi l’esprit de l’homme vers ce qu’il ne connaît pas?
Pourquoi? C’est qu’il veut connaître la vérité. La vérité est son but, et sous quelque forme qu’elle se présente à lui dans l’histoire, dans la nature physique ou dans le monde moral, partout il la cherche avec une incroyable avidité. Oui, la vérité est l’aliment de l’esprit humain. C’est elle qu’il veut, qu’il cherche de tous ses efforts. Mais la trouvera-t-il dans l’histoire, dans la nature physique, dans le monde intellectuel? Et quand je parle de la vérité dans l’histoire ou dans la nature, remarquez, je vous prie, que je n’entends pas parler de cette vérité qui consiste à découvrir certains faits isolés, mais de cette vérité qui les domine tous. Or, quoiqu’elle y subsiste, l’homme ne l’y verra pas, et la preuve en est que seul il ne l’y a jamais vue. Où donc la trouvera-t-il cette vérité, l’objet de ses désirs? Il la trouvera en celui qui a dit: Je suis la vérité. Ego sum veritas’ (1).
Sermon sur la Parole de Dieu (T.D., t. 42, p. 222-223).
(1) Jn 13, 6.