Aux catacombes de Rome.

J’assistai l’autre jour à la translation de quelques corps saints qu’on avait trouvés dans les catacombes. Toutes les fois que les ouvriers qui sont chargés de faire des fouilles ont découvert un certain nombre de tombeaux, ils font prévenir soit le cardinal vicaire, soit l’évêque sacriste du Pape qui envoie pour prendre le corps. Cette fois, c’était un religieux augustinien qui fut chargé de présider à l’extraction des ossements. Nous allâmes d’abord dans une catacombe, qui est depuis peu fouillée et où l’on peut se faire une idée de la manière dont les chrétiens cachaient les issues par lesquelles ils pénétraient dans ces lieux de leurs réunions. Dans une vigne et sous une vieille muraille cachée par des broussailles, nous descendîmes par un escalier très rapide dans les longues et étroites allées qui sont garnies à droite et à gauche de sépultures vides. Nous trouvâmes là trois tombeaux, que l’on reconnut être ceux de martyrs, soit à la palme gravée sur la pierre qui ferme le sépulcre, soit à un petit vase dans lequel on voit le sang séché du martyr. Les chrétiens avaient toujours la précaution de laisser un de ces indices. Quand les ossements ont été dans un lieu humide, ils sont ordinairement très bien conservés; quand ils sont dans un lieu sec, ils ont la plus belle apparence, mais ils se brisent en les touchant et se réduisent en poussière.

Lettre à Augustine d’Alzon (Lettres, t. A, p. 772-773).

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