- PM_XV_207
- 3580 a
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 207
- Orig. ms. Fonds Chaponay Archives Départementales du Rhône, 44 J 154. Pho-toc. ACR BZD 8/69. Transcription ACR BG 224/69. Cette lettre est reproduite dans le volume de l'*Anthologie Alzonienne*, chap. 43.
- A MADAME LA COMTESSE DE CHAPONAY
- Nîmes, 26 avril [1869] (1).
- 1869-apr-26
- Nîmes
Vos propositions sont bien belles. Madame, trop belles peut-être. Je vais vous répondre en homme qui a confiance en vous, et je vous parle-rai de tous les inconvénients du côté de mon neveu.
D’abord il m’est impossible de connaître avec assurance la fortune de mon neveu tant qu’il ne se sera pas arrangé avec sa sœur qui est carmélite. Je négocie cette affaire. Je pense pourtant qu’il aura de 60 à 70.000 francs de rentes et plutôt plus que moins, le tout en fonds de terre; le peu de capitaux de la fortune de sa mère passeront probablement à sa sœur.
Jean a fait, enfant, une chute. Son œil a été mal raccomode. Quand il s’agite, il a un mouvement moins agréable. Il a eu une ophtalmie à l’âge de dix huit mois. Le soleil de midi le fatigue encore. A part cela sa santé est excellente. Il n’est pas pieux. Il fait ses pâques très sérieusement. Depuis la mort de sa mère, il fait lui-même la prière aux domestiques dans la chapelle du château. Il s’ancre tous les jours de plus en plus dans les idées chrétiennes et catholiques. Un travail sérieux s’est fait surtout chez lui, depuis deux ans.
Il adorait sa mère. Il veut une femme qui lui ressemble et continue ses œuvres. Il aura besoin d’une femme intelligente. Son caractère est par- fait et il ne faudrait pas consulter ses parentes là-dessus. Elles ont toutes un faible pour lui. Je parle de personnes comme Mme de Malbosc que vous avez peut-être connue à Alais.
Tous les jours des propositions nous pleuvent. Oserai-je dire que de toutes, celle que vous avez la bonté de me transmettre me plaît le plus parce que vous vous en faites caution.
Veuillez, Madame, me dire les mais, par la raison que je les sau- rai très assurément par une autre voie et que je préfère tout vous devoir. J’ai entendu déjà prononcer le nom de la protectrice de la personne. En ce moment, je l’oublie. Vous voyez. Madame, avançons, je vais avec vous. Soyez assez bonne pour me parler de la santé de cette jeune personne.
Jean n’aura rien de moi. J’ai fait déjà à sa mère toutes les concessions dont je me proposais de l’avantager.
Veuillez, Madame, agréer l’hommage de mon plus profond et res- pectueux dévouement.
E. D'ALZON.