Je connais quelqu’un qui doit dire: je voudrais bien savoir ce que fait mon père. Voilà ce que fait votre père. On entre dans sa chambre avant sept heures, il s’habille, prie le bon Dieu jusqu’à huit. Il dit la messe, fait son action de grâces, prend une très petite, très petite tasse de chocolat, va se promener, rentre, lit, flâne, travaille. A 11 heures déjeune, et (horreur!) ne refuse pas un cigare offert par son neveu; se promène encore plus ou moins vite, reste peu dans sa chambre, dit son office, son rosaire, etc., etc., dîne à six heures et demie, prend du café, jase; vers 9 heures, moment solennel, on lui porte à boire une tasse de feuilles d’oranger pour calmer ses nerfs ébranlés par les émotions de la journée, fait sa prière et tâche de dormir du sommeil des justes. Que dites-vous de cette vie de mollusque? Enfin mes dents me font bien un peu souffrir, mais il m’apparaît qu’elles veulent devenir raisonnables, ce dont je les félicite. Pourtant aujourd’hui je veux faire des prodiges. Je veux être seul comme le moineau solitaire sur son toit. C’est intéressant qu’un moineau solitaire.
Lettre à Marie Correnson (Lettres, t. IX, p. 36).
Nous sommes en avril 1871. Le P. d’Alzon, très fatigué, se reposait quelques jours à Lavagnac (10-16 avril), avant de poursuivre le tourbillon de ses activités habituelles. Il allait reprendre le texte des ses Conférences données aux Religieuses de l’Assomption (regroupées à Nîmes durant l’hiver 1870-1871) pour l’adapter aux novices du Vigan. En août 1871, il faisait la connaissance du sanctuaire de Notre-Dame des Châteaux et y fondait le premier alumnat.