Je me suis mis à vivre dans le commerce le plus familier avec saint Augustin, saint Chrysostome, Tertullien et quelques autres Pères de l’Eglise. Il faut convenir que ces hommes étaient prodigieux. Souvent on voit percer chez eux les défauts de l’époque. Les antithèses chez saint Augustin, un néologisme de mauvais goût chez le dur Africain déparent leurs chefs-d’œuvre; mais n’importe, ils méritent leur réputation, ils en méritent même une plus grande que celle dont ils jouissent aujourd’hui. Je trouve qu’on puiserait chez eux la réponse à bien des objections faites contre le christianisme et qui sont à la lettre renouvelées chez les Grecs. Sous ce rapport, l’enseignement ecclésiastique est susceptible de prendre et prendra, je l’espère, avant peu un grand développement. J’espère que, lorsque tous les souvenirs de Sorbonne seront éteints, l’on sacrifiera au bien de la vérité quelques arguments, quelques preuves scolastiques désormais hors de saison, pour présenter aux jeunes gens le parallèle merveilleux des dogmes catholiques, immuables comme la vérité dont ils sont l’expression, et des mille erreurs qui naissent et meurent chaque jour, insaisissables comme le principe sur lequel elles reposent.
Lettre à Eugène de La Gournerie (Lettres, t. A, p. 333).
(1) L’amour et l’étude de la patrologie figurent dans l’héritage assomptionniste. Le P. Antoine Wenger eut pour sa part la main heureuse en découvrant au Mont-Athos le texte de cinq Catéchèses baptismales de saint Jean Chrysostome qu’il fit connaître dans le tome 50 des Sources Chrétiennes (1950).