Vous savez qu’on m’accuse de vouloir imiter tous les saints dont je lis la vie. On lit en ce moment au réfectoire la vie de saint Charles, et je vous préviens que je n’ai envie d’être ni archevêque ni cardinal (1); mais la beauté, la force, l’énergie, la persévérance de ce caractère me transportent. D’autre part, le bien que je cherche à faire à mes enfants m’attache à eux; d’autre part, encore, les quelques novices que je vois nous arriver me portent à croire qu’il en viendra d’autres, mais, d’autre part aussi, ma santé si peu forte et qu’un léger effort met à bas, me démoralise. Que faut-il faire? Où est dans cette situation la volonté de Dieu? Franchement je l’ignore. Quelquefois je me reproche de me tenir trop aux détails, à de petites choses; quelquefois je me trouve incapable de quoi que ce soit d’un peu fort. Qu’est-ce que Dieu veut de moi? Il me semble que je suis prêt à tout faire, si je le vois clairement, mais par moments, je vois trop et par moments je ne vois rien. Donnez-moi donc votre idée, si vous en avez une.
Lettre à Mère Marie-Eugénie de Jésus (Lettres, t. III, p. 49.
(1) Le P. d’Alzon fit le vœu d’humilité sacerdotale en 1844, à la Consolata de Turin, renoncer à exercer toute charge et dignité ecclésiastiques, sauf si elles lui étaient demandées expressément par le Pape en personne. On sait qu’il renonça plusieurs fois à être nommé évêque.