La sagesse est une vertu qui consiste à donner à nos actes bons un motif supérieur. Elle est un don du Saint-Esprit, don bien précieux, d’autant plus précieux qu’il est plus rare. Si l’on examine l’ensemble de la vie chrétienne, même de la meilleure, on la trouvera toujours empreinte de taches, de fautes qui en ternissent l’éclat. Toutes les actions qui en forment le tissu ne sont pas faites pour des motifs surnaturels. Et pourtant c’est là ce que la sagesse ordonne. Elle nous ordonne de tout faire avec la pensée et la crainte du Seigneur: Sapientia timor Domini (1). Mais bien loin qu’il en soit ainsi d’ordinaire on accomplit tout d’une manière commune, vulgaire, étrangère à toute pensée de foi. Essayons de donner à chacun de nos actes l’importance convenable, et que cette importance grandisse par le sentiment surnaturel, le sentiment de foi auquel nous rapportons ces actes.
Instructions au collège de l’Assomption, d’après Ecrits Spirituels, p. 1315-1316.
(1) Citation de Si 19, 18 ou Pr 9, 10 ou 15, 33. Il est bon à propos de cette expression biblique de crainte du Seigneur’ de se souvenir de ce commentaire de la 1ère lettre de saint Jean, 4, 18: ĞIl n’y a pas de crainte dans l’amour, l’amour parfait chasse la crainte; car la crainte est liée au châtiment, et celui qui reste dans la crainte n’a pas atteint la perfection de l’amourğ. On peut en conclure que l’expression crainte du Seigneur’ ne peut aucunement justifier le moindre sentiment de nature janséniste dans l’expression de la foi chrétienne.