Depuis plusieurs jours, je me préparais à cette fête, et, comme je vous le disais, je crois, dans ma dernière lettre, j’aurais voulu qu’elle fût pour moi comme une seconde naissance. C’était la pensée qui me frappait le plus. Or, pour me mettre à même de bien entrer dans le mystère de la naissance de Marie, j’ai passé, tous ces jours-ci, plusieurs heures à réfléchir. Les choses qui m’ont le plus frappé sont la nécessité d’un dévouement sans bornes, d’une grande délicatesse de conscience, et puis un grand remords de ne pas vous avoir assez poussée au bien. Aussi, ma chère enfant, je tiens à vous en demander pardon, et, si je ne le fais pas à genoux, c’est parce que la Règle de saint Augustin le défend Ce matin, à la messe, j’ai renouvelé les vœux que vous savez que j’ai faits. J’en ai fait un de plus, celui de me dévouer entièrement à votre perfection.
Lettre à Mère Marie-Eugénie de Jésus (Lettres, t. C, p. 128).
(1) Cette fête mariale célébrée depuis le haut Moyen-Age été particulièrement honorée par deux Pères de l’Eglise, André de Crète et de Jean Damascène. Plus inédite, cette composition du poète Leconte de Lisle: Terre! oublie en un jour ton antique détresse! O cieux, comme les mers, palpitez d’allégresse! La Vierge bienheureuse est née au sein de Dieu! Elle vole, aux clartés de l’arc-en-ciel en feu, la colombe qui porte àl’arche du refuge, le rameau d’olivier qui survit au déluge! L’étoile matinale illumine les mers. Saluez, bénissez, créatures sans nombre, Celle que le très-Haut doit couvrir de son ombre, et qui devra porter, vierge, en ses flancs bénis, le Dieu qui précéda les siècles infinis’.