Vers un des points les plus élevés des Cévennes, existait autrefois une très célèbre fondation trop oubliée de nos jours, Notre-Dame-de-Bonheur, près de l’Espérou. Cette église, abandonnée depuis longtemps, rappelait une grande grâce accordée. Pourquoi, non loin de là, au centre des populations encore nombreuses et privées, par l’éloignement, de tout secours religieux, n’érigerait-on pas une chapelle qui, l’été du moins, serait utile à plusieurs centaines de bûcherons et bergers, et pendant l’hiver à quelques hameaux perdus dans les bois ou au milieu des neiges? Le pèlerinage serait certainement fréquenté, précisément à cause de la difficulté d’y parvenir, même dans la belle saison. Qu’est-ce qu’un pèlerinage sans obstacle à surmonter, pour aiguillonner la dévotion? La fatigue, la durée du chemin font partie de l’acte satisfactoire qu’un pèlerinage comporte. A cet égard aucun ne serait mieux situé que celui de Notre-Dame-de-l’Espérou. Nous proposons que les hommes de foi ouvrent une liste d’engagements pieux et conditionnellement pris, pour solliciter une faveur temporelle, mais qui serait le gage sensible et manifeste de faveurs spirituelles, que d’autres viendraient solliciter au nouveau sanctuaire de Marie.
Lettre aux catholiques du diocèse de Nîmes (Lettres, t. V, p. 312-313).
(1) Notre-Dame de Bonheur était le nom d’une ancienne collégiale établie sur le massif en 1436, Bonheur étant celui du ruisseau qui parcourt le plateau. En 1868, sur le terrain acheté par le P. d’Alzon en 1865, s’éleva la chapelle. Un essai d’alumnat eut lieu avant l’été 1874, une communauté Oblate s’y maintint jusqu’en 1879.